Et voilà l’Australie qui nous livre un nouveau fils caché d’AC/DC. Si certains, comme Airbourne, ont à peu près su digérer cette envahissante et incontournable influence, Snake a beaucoup plus de mal à prendre ses distances. Comme Rhino Bucket avant lui, le quatuor australien est doté d’un chanteur au timbre tellement proche de celui de Bon Scott, que tout effort visant à affirmer une identité propre semble voué à l’échec, à moins de changer complètement de style. Et pourtant, une écoute plus attentive permet de découvrir que le gang des frères Young n’est pas la seule influence de Snake, et même si il est difficile de faire plus proche du légendaire combo, nos jeunes reptiles réussissent de justesse à éviter le qualificatif de simples clones.
La première étape pour mieux apprivoiser ce « Strike » consiste à se détacher de la voix de Larry Attard, non qu’elle soit désagréable, bien au contraire, mais sa ressemblance avec celle du regretté interprète de « Highway To Hell » et autres « Whole Lotta Rosie » est telle qu’elle renvoie systématiquement au combo du collégien sous amphétamines. Une fois cette distance prise, les autres influences de Snake peuvent apparaître. Bien sûr, elles restent dans un style très proche, mais c’est plus à Rose Tattoo que nous penserons à l’écoute d’un « In For The Kill » au refrain rageur, ou bien d’un cinglant « Time » qui n’est pas sans rappeler le « Revenge » des 5 tatoués. Les touches popisantes de « Smokin’ Diesel » ne seront pas sans évoquer les autres incontournables compatriotes de The Angels. Enfin, le final hystérique d’un « Let The Music Begin » aux accents de « Sin City » fera penser aux excités de Nashville Pussy.
Alors bien sûr, les esprits chagrins rétorqueront que toutes ces références sont elles aussi considérées comme des enfants spirituels d’AC/DC, et ils n’auront pas tort. D’autant que certains titres semblent directement tirés de la discographie de la Young Co. En effet, si « Out Of The Night » balance entre les œuvres des gangs d’Angus Young et d’Angry Anderson, « Sweet Revenge » fait directement référence à « Ride On » et « Strike » à « Let There Be Rock ». Seuls le bluesy « Down That Road » et l’énergique « Mainline » réussissent à mélanger toutes les influences déjà citées. Ce qui permet d’apprécier l’ébauche d’identité de Snake et laisse augurer d’un avenir particulièrement intéressant si le groupe réussit à mieux digérer ses envahissantes références.
Il est donc à la fois difficile de complètement s’enthousiasmer pour une œuvre aux influences si omniprésentes, mais il également impossible de tirer à boulets rouges sur un album dégageant une telle énergie. De plus, il semblerait que Snake fasse partie de ces groupes qui écrasent tout sur leur passage en live. Plutôt qu’une condamnation pour plagiat, nous préfèrerons donc les encouragements à s’affranchir de racines trop étouffantes et à persister dans une démarche déjà engagée sur certains titres et qui laisse entrevoir un avenir particulièrement prometteur.