1978, le mouvement progressif et ses dérivés ont déjà connu leur apogée. Ils commencent à en recueillir les retombées (renommée, succès, argent…) et les Live en sont un peu le reflet. Genesis, Deep Purple ou Yes ont dans leur besace des Live historiques, voire cultes. Et BJH, dont la renommée n'est pas aussi étendue que les groupes précités, va sortir pour ses fans l'équivalent de "Yessongs" pour les afficionados de Yes. Presque tous les grands titres que le groupe a commis sont là, dans une interprétation qui ne souffre d'aucune approximation.
J'ai découvert ce disque à l'époque de sa sortie, en 1978, et le réécouter aujourd'hui m'a rappelé de nombreux souvenirs, mais surtout les émotions de l'époque. Car il s'agit bien de cela. Parler en 2008 d'un album, qui plus est Live, de 1978 nécessite de faire la part des choses. 30 ans de musique sont passés par là et 30 ans de vie aussi. Mais c'est avec les émotions originales que l'envie de vous en parler l'emporte.
BJH a déjà à son actif 8 albums studio, une (voire 2) compilation(s) et un Live quand parait "Live Tapes" (le tout en 7 ans). A noter que celui-ci était à l'origine un disque simple et non un double, prévu uniquement pour les Etats-Unis, avec des enregistrements de 1976. Il devint double, avec en plus des enregistrements de 1977, et ne fut jamais édité aux Etats-Unis. 5 des albums studio sont représentés ici, les plus récents essentiellement ("Once Again", avec "Mockingbird", est le plus ancien). Et les morceaux de bravoure se succèdent comme les héritiers au chevet d'un mourant.
Imaginez "Child Of The Universe", "Rock'n'Roll Star", "Poor Man's Moody Blues" et "Mockingbird" s'enchaînant sur presque ½ heure de pur bonheur. "Mockingbird" qui marque un sommet dans ce "Live Tapes" avec ses claviers dignes d'un grand orchestre. Mais que dire de "Child Of The Universe" qui ouvre le 'concert' et qui met tout de suite l'auditeur dans un état de fébrilité avancée, heureux d'être là ! Car l'effet live est garanti, on s'y croit, les applaudissements sont présents, durent et vous mettent dans l'ambiance (foin des Live aseptisés, sans aucun viva, sans différence de son avec l'original, retouché en studio pour que chaque note soit parfaite…) et le son a une grandeur nouvelle (plus réverbéré qu'en studio, ce qui donne un effet cathédrale qui laisse rêveur).
Ne détaillons pas, tel un catalogue de pièces détachées, les éléments qui forment un tout, mais ressortons en quelques moments d'émotion pure. Outre ceux cités plus haut, "Hard Hearted Woman", "Crazy City" et sa guitare si particulière, "For No One" et enfin "Hymn", fait pour conclure ce moment, lui qui ouvrait "Gone To Earth" en studio.
Je n'ai pas hésité en introduction à citer en référence 3 des plus grands Live que le Rock nous a offert (ajoutez y vos favoris, la liste n'est pas close, "The Song Remains the Same" n'y est pas et pourtant…) et je le confirme. Ceux qui aiment BJH l'ont mis à côté de ces grands noms de la scène sur disque, et ceux qui ne le connaissent pas encore peuvent jubiler à l'idée de découvrir ce moment fort qu'est "Live Tapes". Du Rock Symphonique à son meilleur niveau, un groupe à son point culminant, un public chaud comme la braise, et un disque pour encore 30 ans…