Le second album de Kansas est un album qui, s'il est de très bonne qualité, n'a pas forcément dû être perçu comme une révolution lors de sa sortie. Ce jugement paraîtra peut-être sévère aux fans, mais force est de constater que l'ensemble des compositions de cet album correspond totalement à l'image que l'on peut avoir des délires musicaux du milieu des années 70's. Steve Walsh et ses acolytes nous servent ici des compositions très honorables pour un second essai, alternant entre rock pur comme on aimait alors le pratiquer ('Down The Road') et morceaux plus alambiqués tel celui qui donnera son titre à l'album.
Techniquement, cela ne va pas très loin, toujours dans l'esprit des années 70's, et c'est également ce qui permet à l'album d'être agréable à écouter. Alors que l'on nous habitue de plus en plus à des délires techniques mêlant basse à 6 cordes, double pédale et tempi toujours plus rapides que le voisin, l'écoute de "Song For America" nous replonge dans une époque où la technique était avant tout au service de la mélodie et où il s'agissait plus de montrer son talent musical que sa dextérité.
La construction générale des morceaux est donc dans la plus pure tradition du rock progressif de l'époque : un thème longuement décliné et parsemé de multiples breaks et soli délirants. Kansas surprend cependant son auditeur en montrant des idées inédites, comme le morceau 'Lonely Street' qui, bien qu'étant un blues tout ce qu'il y a de plus classique, est en fait construit sur un rythme en 11 pulsations qui lui donne un caractère complètement bancal.
Enfin, au niveau de la production, on est encore de façon évidente dans les années 70. Le son est typique de cette époque et d'autres détails viennent nous le confirmer régulièrement : le son de l'orgue ou même l'emploi du violon en tant qu'instrument de premier plan.
Même si vous n'êtes pas un grand fan des années 70's, cet album est intéressant pour plusieurs raisons. En premier lieu parce que Kansas fait quand même partie de ces groupes qui ont fortement inspiré nombre des groupes actuels. En second lieu parce que, tout simplement, il constitue certainement une bonne façon de changer d'horizon de temps en temps.