Après avoir formé Coast, groupe très influencé par Rush et Wishbone Ash, les compères Biff Byford et Paul Quinn rejoignent le combo SOB (traduire par Son Of A Bitch !) au sein duquel figurent déjà Steve Dawson et Graham Oliver, ainsi que le batteur John Walker. Une fois ce dernier remplacé par l’expérimenté Pete Gill, le groupe prend le patronyme de Saxon et entre en studio avec le producteur John Verity pour enregistrer son premier album. En compagnie de ses compatriotes de Def Leppard, Iron Maiden et autres Diamond Head et Angel Witch, ils sont alors à l’origine d’un mouvement nommé NWOBHM (New Wave Of British Heavy Metal) qui marquera durablement le métal en général. Mais revenons-en à cette première œuvre au titre éponyme.
S’il pose les bases d’un style qui deviendra une marque de fabrique, cet album n’en est pas moins dépourvu de défauts et montre un groupe encore à la recherche de son identité. En effet, les titres peuvent se scinder en 2 catégories, à savoir ceux qui gardent encore les influences progressives du premier combo de certains de ses membres, et ceux, plus directs, sur lesquels Saxon s’appuiera pour créer son propre style. Il est d’ailleurs rassurant de constater que cette voix fut celle choisie, les compositions à tonalités progressives ne pouvant être considérées comme de franches réussites. A ce titre, l’ensemble « Rainbow Theme » - « Frozen Rainbow », dont les titres sont inversés sur la pochette et qui ouvre l’album, reste particulièrement poussif, et ceci malgré un riff de départ intéressant. Quant à « Militia Guard » qui clôture ce « Saxon », il n’est pas plus réussi et souffre en plus de chœurs du plus mauvais effet. Seul « Judgement Day » surnage dans cette catégorie, en particulier grâce aux capacités vocales de Biff, ainsi qu’à un solo dévastateur.
Les défauts de productions, tels que ceux cités pour « Militia Guard », ne sont pas rares, et ils viennent également plomber quelques titres plus directs comme le popisant « Big Teaser », doté lui aussi de chœurs d’un goût douteux. D’autre part, si « Backs To The Wall » et « Still Fit To Boogie » sont particulièrement entraînants et bien exécutés, leur production a mal vieilli et laisse regretter un manque de relief qui aurait pu dynamiser ces titres un peu plus.
Cependant, s’il est un titre qui présente déjà le style Saxon dans toute sa splendeur, il s’agit de « Stallions Of The Highway ». Ce titre de métal mélodique, à la frontière du hard-rock, est à la fois entraînant et dynamique et offre des harmonies qui deviendront une des principales marques de fabrique du groupe.
Sans être un mauvais album, « Saxon » reste cependant plus remarquable par son côté historique que par la qualité de son contenu. Il mérite cependant le respect des fans du groupe car c’est sur lui que Saxon s’appuiera l’année suivante pour réaliser 2 albums qui rentreront au panthéon du style (« Wheels Of Steel » et « Strong Arm Of The Law »). Il permettra également au groupe de tourner intensivement, en particulier avec leurs potes de Mötörhead, et de consolider sa fan-base. C’est pourquoi nous ferons donc preuve de retenue face à cette naissance de l’une des plus grandes figures du métal.