En à peine 6 années de sorties discographiques, Jean-Pierre Louveton a abreuvé la planète prog de cinq albums studio avec Nemo, mais également de 3 exercices en solitaire, lui permettant d'aborder d'autres styles qui lui sont chers et de mettre en valeur son amour de la guitare.
Néanmoins, le démon créateur de JPL l'avait saisi bien avant ces opportunités de porter à nos oreilles ses compositions, et profitant d'un petit répit avec Nemo, il a décidé de piocher dans ses archives pour nous produire un premier volume de Rétrospections, la contraction des deux mots en résumant parfaitement le contenu. Et comme Monsieur est professionnel jusqu'au bout des ongles, il a profité de l'occasion pour compléter le travail instrumental avec deux nouveaux titres chantés.
Donc, dans un album solo de leader charismatique d'un groupe à la renommée déjà bien établie, que trouve-t-on ? Chez certaines stars, on limite la prise de risque (contraintes économiques et image obligent) et on se contente parfois de ne dévier que de très peu de la ligne musicale du groupe d'appartenance. Ici, c'est plutôt l'inverse : entouré de fidèles musiciens, JPL met en avant la guitare, sa guitare, et nous entraîne dans un voyage aux multiples couleurs musicales, où la patte Nemo n'apparaît finalement que très peu.
L'album s'ouvre avec Silence dans la Salle, plage dynamique propre à concurrencer Satriani sur le chemin de l'olympe des guitar-heroes ! Une section rythmique impressionnante accompagne JPL, et le schéma se retrouvera dans d'autres compositions comme Cathédrales dans un registre plus jazzy avec son dialogue basse/guitare, ou encore l'enchaînement Extrême Stress / Décompression, flirtant avec le métal. A l'opposé de ce déluge de notes (quelle dextérité !), les titres accompagnés à la guitare classique proposent une respiration toute en délicatesse, Loins venant introduire le premier titre chanté, Soleil D'Hiver, dont la poésie s'attaque superbement au réchauffement climatique … et sur lequel la voix de JPL se met particulièrement en valeur.
Et puis, plus inattendus, L'Orée, qui propose une superposition de thèmes répétitifs à la façon de l'école allemande (Ashra Tempel notamment) du début des 70's, mais aussi No Comprendo, déroulant ses 3 minutes de bœuf jazz-rock. Enfin, comment ne pas terminer ce mini inventaire sans parler des deux titres phares de l'album : Ma Première Mort, avec ses nappes de claviers accompagnant la superbe mélodie jouée à la guitare dans un style rappelant Peter Frampton, et un titre quasiment progressif, En un Clin d'œil, nouvelle poésie chantée conclue par un final instrumental judicieux.
Maintenant que j'arrive au bout de cette chronique, je peux vous avouer que la première écoute distraite de cet album m'a laissé quelque peu de marbre. Et puis, prêtant vraiment attention au véritable patchwork musical proposé, les 53 minutes de l'objet se sont révélées être un voyage extraordinaire aux différents coins de la planète rock (tiens, je croyais qu'elle était ronde ???), le tout servi par des musiciens de très haut niveau et une production de qualité. On en redemande … mais pour cela, amis lecteurs, vous savez ce qu'il vous reste à faire !