Donc, en 1979, après la sortie de XII, Wooly Wolstenholme, membre fondateur de Barclay James Harvest, “frustré et mécontent de la direction prise par leur musique” quitte le groupe. Il laisse aux commandes Les Holroyd et John Lees, sort un album solo (ce projet aboutira à la formation d’un groupe, Maestoso), puis il collaborera à nouveau avec John Lees.
Son départ marque pourtant un tournant dans l’orientation musicale de BJH. Bizarrement, c’est après le départ du claviériste du groupe que les sons des claviers vont évoluer, devenant une part plus prenante dans la rythmique, notamment. Première illustration avec ce Eyes Of The Universe paru en 1980.
De l’aveu même du groupe, cet album montre une face moins complexe et plus commerciale de BJH. En réalité, ce côté était déjà présent sur XII. Ici, c’est l’utilisation beaucoup plus dynamique des claviers et le tonus de la plupart des compositions qui fait la différence. L’auditeur note aussi le développement des percussions électroniques. C’est l’association de ces sons, inhabituels pour l’époque, avec une production impeccable, qui donne une coloration très particulière à l’ensemble de l’album; impression renforcée par le contraste avec des harmonies très réussies, parfois planantes (Les signe ici deux des meilleurs titres de BJH : The Song ... et Play To The World, un très chouette titre à la frange du prog’).
John et Les se partagent comme souvent à parts égales les compositions et chantent chacun leurs titres. Les instruments sont mis plus en valeur que sur l’album précédent, donnant des solos de claviers (Love On The Line) ou de guitare ("Skin Flicks", "Sperratus", sans oublier la belle intro sur le titre final) ou même de sax (Play To The World).
Ce Eyes Of The Universe s’écoute sans temps mort, en appréciant les contrastes d’un titre à l’autre (plus enlevé sur Alright Down Get Boogie avec sa guitare ronflante, plus cool avec Skin Flicks, plus planant avec Play To The World, etc ...). Avec cet album, BJH a trouvé un nouvel équilibre, quelque part entre Supertramp et Alan Parsons’ Project, nous proposant une pop impeccable et moderne. Le groupe gardera d’ailleurs à peu près la même recette pour l’album suivant, le jumeau Turn Of The Tide, avec la même réussite.