Un album d’Agalloch est une expérience à part, une sorte d’aventure introspective mélancolique à vivre intensément, les yeux fermés. A l’inverse, contentez-vous d’écouter un opus de ce combo comme un simple album lambda, et vous risquez fort de trouver cette musique totalement insipide ! A partir de ce constat, vous conviendrez que les mots jusqu’alors utilisés pour décrire une œuvre musicale paraissent totalement abscons ! Mais les lecteurs de Music Waves méritent bien cet exercice de style...
Groupe inclassable par excellence, Agalloch se voit la plupart du temps classé dans le mouvement fourre-tout de métal extrême en raison de bribes de vocaux blacks sur certains de ses opus comme notamment le fabuleux « The Mantle ».
Le dernier album était un voyage dans un univers pluvieux, sombre voire inquiétant mais ne dit-on pas après la pluie, le beau temps ? C’est donc tout naturellement qu’Agalloch nous plonge dans une matinée estivale sur les chemins de joyeux écoliers accompagnés de gazouillis d’oiseaux (« The Isle of Summer »). Si « The White EP » nous plonge donc dans ce décor doré d’une journée ensoleillée à la couleur environnementale qui se veut moins noire que les précédentes œuvres du combo, l’ambiance générale est toujours aussi mélancolique et mystique (« The Hollow Stone »). Et si l'on devait définir cet EP, on parlerait de beauté froide profondément triste et muette car contrairement aux autres œuvres du groupe, ce « The White EP » est uniquement instrumental, avec cependant quelques rares complaintes de John Haughm et des conversations en arrière-plan.
« The White EP » qui est, en fait, constitué des 7 chutes acoustiques des précédents opus est, à l’image de son titre phare « Phanteist », un chef-d’œuvre qui se mérite et qui se doit être vécu intensément pour en apprécier toutes les facettes. Dans le cas contraire, vous cataloguerez cet opus de simple musique d’ambiance de fond alors qu’elle se rapproche plus d’une merveilleuse aventure intérieure pleine d’émotion, à vivre comme une sorte de balade le long des côtes d’une île mystérieuse, en route vers un passé oublié au rythme des ambiances générées par d’un duo guitare/piano acoustique mélancolique, folk et doom… Bref, une expérience magique qui pourrait arracher quelques larmes aux plus sensibles !