Matthew Parmenter est un chanteur qui aime se produire sur scène déguisé et grimé comme un droogy d’Orange Mécanique. Ceci juste pour l'anecdote. En dehors de ça, Matt Parmenter est le frontman (chanteur et claviériste) d’un groupe de rock progressif, Discipline, fondé en 1987, et qui a sorti 3 CD et un album Live à ce jour. Il a également collaboré avec le groupe Tiles et Xavier Phideaux sur son dernier album, Doomsday Afternoon, où il chante et joue du violon. En 2004, il sort un premier album solo dans lequel il tient presque tous les pupitres, à l’exception de la basse, confiée à son compère de Discipline. La particularité de son nouvel opus, "Horror Express", tient dans le fait que Matt assure cette fois tous les postes, ce que l’on sait être une situation à risque, tant la plupart de ce type d’essais se solde par un manque de variété ou de technique, ce qui aboutit à des produits assez ternes. En sera-t-il de même ici ?
Ce qui frappe à l’écoute de ce "Horror Express", c’est la simplicité des orchestrations : l’instrumentation repose en majeure partie sur l’association piano-voix, à l’image du titre d’ouverture, tout en ambiances simples mais porteuses d’émotion. Association piano-voix que Matt Parmenter utilise joliment, porté par une expressivité vocale que nous pourrions qualifier d’intimiste. La voix n’est pas puissante, mais très présente, ce qui est plus que suffisant sur le registre musical proposé, un atmosphérique aux colorations plus mélancoliques qu’horrifiques. Un joli travail d’interprétation vocale donc, qui n’hésite pas à s’exprimer dans les registres aigüs ("O Cesare"), ce qui donne parfois des accents kitsch assez réussis.
Mais Matt ne se contente pas de chanter, puisqu’il introduit dans plusieurs pistes des cordes : violon, violoncelle ("O Cesare") et même quatuor à cordes comme sur "Kajiu", joliment réussi, dans lequel l’auditeur retrouve des ambiances en tons mineurs que le Phideaux de “Doomsday Afternoon” n’aurait pas désavouées. Parmenter utilise souvent des montées en progression pour installer une certaine tension dans ses morceaux, à l’image de "Golden Child", construit sur une seule phrase chantée. La simplicité dans les compositions colle tout à fait à son style, mais force est d’avouer que les choses se gâtent un peu quand il s’agit d’aborder des rivages plus progressifs ("Monsters From The Id", "Polly New", "The Cutting Room"). Sur ces titres, la simplicité dans l’instrumentation bride les envolées émotionnelles et limite la profondeur du propos (ainsi que la production, un peu étouffée). Nous préférerons l’efficace dénuement d’"All Done", qui montre que décidément Matthew Parmenter sait comment rendre un morceau atmosphérique.
"Horror Express" est somme toute un album attachant par la qualité des atmosphères qu’il propose. Il semble toutefois que, conformément à la règle générale, le côté “homme à tout faire” uniformise quelque peu le propos, créant un semblant de lassitude sur toute la durée de l’album. Et là, je ne peux que m’inscrire en faux contre les propos qui affirment sur le site officiel : “The solo releases have the feel of a full rock band”. La musique de Matthew Parmenter pourrait probablement au contraire gagner avantageusement en envolées si plusieurs interprètes apportaient leur pierre à un édifice si intelligemment composé, qui mérite une écoute de ceux que les ambiances intimistes éloignées de la surenchère “néo”, attirent.