Stéphane Desbiens, le québécois, revient pour un deuxième album de son propre combo, The D Project, avec une formation dans laquelle seuls Mathieu Gosselin (Basse et Chapman Stick) et Sandra Poulin (Violon) ont survécu. Parmi les titulaires se trouve un dénommé Jean Gosselin à la batterie… C'est une affaire de famille ? Peu importe, pourvu que ce soit bon.
The D Project se caractérise aussi par ses invités (c'est une mode qui n'est pas prête de s'arrêter, vu l'impact marketing de ce type de collaboration…), qui, semble-t-il, changent à chaque opus. Ici, vous pourrez entendre Stu Nicholson chanter (Galahad), Dereck Sherinian appuyer sur les touches de ses claviers (ex Dream Theater), Brett Kull gratter sa guitare (Echolyn) et John Green chanter et jouer des claviers (Singularity). Attention, ne vous attendez pas à les entendre tout au long de l'album, car ils ne font qu'une apparition chacun, sauf John Green. Mais il ne faudrait pas croire que ces talents extérieurs viennent pour cacher la misère. Non, Stéphane Desbiens et ses acolytes sont déjà très bons seuls, et les compositions accueillent ses prestigieux intervenants dans un cocon confortable.
Le thème, écrit en collaboration avec l'auteur et réalisateur Francis Foy, est directement inspiré d'aventures vécues dans l'Everest (Sagarmatha est le nom Népalais de l'Everest).
D'entrée, vous serez certainement frappé par la présence inattendue de David Gilmour à la guitare… ah non, on m'indique dans l'oreillette qu'il s'agit de Stéphane Desbiens lui-même, veuillez m'excuser. Mais vous avouerez qu'il lui ressemble beaucoup. Bref, cela commence fort, et c'est beau ! Ca prend forme avec un chant toujours dans les mediums, qui pourrait s'apparenter au chant de RPWL première période. Ce premier morceau, "Closer To My Soul, Closer To My Heart" de près de 10 minutes met l'eau à la bouche.
Et tout au long de l'album, vous aurez droit à de petites perles de ce niveau. C'est un patchwork de musique progressive que nous offre Stéphane Desbiens, allant du Pink Floyd précité, au King Crimson avec "Radio Sherpa" qui rappelle la période 'Discipline' du Roi Cramoisi. L'intervention aux claviers de Dereck Sherinian est un vrai délice. Un petit passage par le Rock Symphonique dans plusieurs titres comme par exemple "Thin Air" et des références à Genesis avec des moments acoustiques qui ne sont pas sans rappeler 'A Trick Of The Tail' ou 'Wind And Wuthering' ("The Sagarmatha Dilemma" ou "Red Mountain"). A plusieurs reprises, des voix parlées, façon Pink Floyd, se font entendre, le plus souvent en français. Ambiance, ambiance...
Stéphane Desbiens a produit là un opus de haut vol, alliant la qualité des compositions, une production très peaufinée, des moments forts que l'on a envie de réécouter sans cesse, et une ambiance générale réussie. Un album à mettre dans toutes les oreilles, sans hésiter, et un combo sur lequel il faudra compter à l'avenir. Et si vous aimez la guitare, allez flâner sur le site du bonhomme, vous y verrez la guitare fabriquée pour lui, un vrai bijou…