Formé en 1989 par Robby Boebel et Stephan Kaemmerer, c’est en 1994 que Frontline sort enfin son premier album intitulé « The State Of Rock ». 5 années pendant lesquelles le quatuor allemand a pu peaufiner son style naviguant entre un hard FM dynamique et Aor bien léché aux sonorités parfois Westcoast, sans renier une identité germanique sensible dans la finition pointilleuse de chaque titre.
Sans renier le travail propre et carré de la section rythmique, il est indéniable que l’essentiel de l’identité de Frontline est déterminée par ses deux fondateurs. Ainsi, si Stephan Kaemmerer n’est sûrement pas la voix la plus puissante du circuit, il n’en possède pas moins une voix relativement haut perchée, juste, bien que ne négligeant pas l’utilisation de « réverb », et surtout aux sonorités rappelant parfois l’incontournable Steve Perry (Journey). Quant à Robby Boebel, il est non seulement le principal compositeur du groupe, mais il assure également guitares et claviers. Le tout sans faiblesse s’il vous plait ! Derrière sa six-cordes, il nous sert à la fois des riffs efficaces et des solos finement ciselés, alors que ses interventions aux claviers apportent à la fois de la profondeur à chaque titre, et participent à ce son légèrement Aor/Westcoast qui devient rapidement typique de Frontline.
Difficile de sortir quelques titres de l’ensemble, tellement celui-ci est homogène en ce qui concerne la qualité. Tout juste pourrons nous regretter quelques refrains légèrement répétitifs en fin de certains morceaux (« Endless »), mais ce défaut est aisément gommé par l’enthousiasme communicatif déversé par le combo qui a, de plus, le bon goût de ne jamais laisser un titre s’éterniser. L’attention reste toujours en éveil, non seulement en raison de la qualité des compositions, mais également par une parfaite maîtrise des variations de tempo. Ainsi, les titres de FM énergique se voient parfois interrompus par une power-ballade jamais mielleuse (« Another Love » ou « Over And Out »), un mid-tempo gardant une certaine dynamique (« Endless » ou « It’s Not Over »), voir un titre plus lourd tel un « Hold On » au refrain percutant.
Le refrain est d’ailleurs une des principales armes de Frontline, à la fois simple et mémorisable, sans jamais devenir naïf. Ainsi, chaque titre est un tube en puissance, même si c’est lorsque le combo appuie sur l’accélérateur qu’il donne à son moteur chromé toute son envergure. A ce titre, le doublette d’introduction composée de « Heaven Knows » et « The Night Comes Over You » a le mérite de vous mettre immédiatement dans le bain pour vous permettre de profiter au mieux des qualités de ce coupé sport tout confort. Quant aux sommets, ils sont atteints sur un « Heaven Can’t Wait » doté d’un excellent break introduisant un solo de tout premier ordre, ou sur un « Dangerous Game » renfermant des qualités équivalentes à base de riff irrésistible et de refrain immédiat, le tout n’étant pas sans rappeler le premier et superbe album de Tobruk.
Voici donc un album incontournable pour tout fan de Hard FM/Aor de grande classe, qui, s’il permit à Frontline de tourner en compagnie de pointures telles que Gotthard, Bonfire ou Tyketto, trouva essentiellement le succès auprès du public japonais. Il atteint d’ailleurs le Top 10 des ventes au pays du soleil levant, alors que l’écho auprès du public européen ne fut pas à la hauteur de ce qu’un opus de cette qualité aurait mérité. Ceci dit, il n’est jamais trop tard pour rendre hommage à un excellent album !