Deuxième album pour le quatuor basé dans l'Essonne. Trois ans plus tôt, le groupe avait déjà produit son petit effet avec la sortie du très prometteur "Uni Aux Cimes" signé sur Melancholia Records en y proposant un Black Metal symphonique incisif ouvertement teinté par la scène norvégienne du milieu des nineties. Faisant à présent nouvellement partie de l'écurie Holy Records pour un contrat de deux albums, Orakle nous revient avec 50 minutes de 'Tourments & Perdition', un titre qui annonce à merveille la couleur des festivités.
Le groupe reprend la voie déjà ouverte avec "Uni aux cimes", en prenant soin cette fois de bien tailler les branches qui dépassaient encore sur les côtés. Encore plus peaufiné, incisif et subtil, Orakle perfectionne son style alliant Black et éléments plus progressifs et expérimentaux, y allant d'arpèges, claviers et moult passages atmosphériques, perpétuellement dans une optique sombre, dépressive et tourmentée. Le chant, invariablement en français, est comme précédemment basé sur une dualité clair/black parfaitement en place et, même pour la tonalité black, permettant à tout moment la bonne perception des paroles.
La possible critique la plus évidente de ce disque reste encore une fois l'empreinte un peu trop claquante d'Emperor et Arcturus. Mais la comparaison est forcément flatteuse quand l'influence de tels groupes éclabousse un travail d'une telle qualité.
A l'arrivée, une bien belle surprise que ce 'Tourments & Perdition'. Les adeptes d'un Black Metal plus haineux et glauque (j'en fais partie), de prime abord récalcitrant à la musique "précieuse" d'Orakle diraient les plus médisants, mais qui sauront jeter une oreille attentive et appréhender cet album avec un minimum d'objectivité verront à coup sûr leur subjectivité lentement séduite au fil des écoutes. Le travail effectué sur les compositions alambiquées, les arrangements léchés et les vocaux bien en place forcent le respect, et même si les influences sont peut-être encore un peu trop évidentes à mon goût, Orakle peut réellement prétendre au titre d'artiste à part entière. Ce n'est pas donné à tout le monde.