Kypck, prononcer Koursk dans notre alphabet occidental, est un projet né de l'imagination du guitariste S. S. Lopakka (ex Sentenced) et du batteur K. H. M. Hiilesmaa connu pour être le producteur de pointures tels que HIM, Lordi, Sentenced, Moonspell, Apocalyptica. A les entendre, le dessein des deux Finlandais leur trottait dans la tête depuis l'enregistrement de "Crimson" de Sentenced, en 1999. Le point de mire était alors de créer un combo unique à la forte personnalité, évoluant dans un registre lourd et oppressant. Les mots ont été mis en application en 2007 où Kypck enregistre sa première production : "Cherno".
Histoire de vous planter le décor, Kypck aime à nous rappeler le drame du sous-marin nucléaire Kursk K-141, coulé dans la mer de Barents en 2000 emportant avec lui 118 vies, ainsi que la bataille de Koursk de 1943, plus grande bataille de tanks de l'histoire. On nage donc en pleine euphorie...
Le concept de Kypck est entièrement fondé sur l'ex Union Soviétique. Plus précisément sur une période allant de la révolution Russe de 1917 jusqu'à l'URSS du début de la guerre froide en passant évidemment par l'armée rouge de la seconde guerre mondiale. Ainsi, toute l'imagerie très soignée, les ambiances, ainsi que les thèmes abordés dans les textes (traitant on l'aura donc compris essentiellement d'Histoire et de guerre), gravitent autour de cette trame. Il est indéniable que les paroles, entièrement chantées en Russe, sont le meilleur moyen de nous plonger directement dans cette atmosphère, et donnent cette couleur si particulière, voire unique à cet album.
Après une première plage d'intro "Gidrolokator (Depth Finder)" semblant nous mener tout droit dans les profondeurs d'une mer glaciale, les 9 titres de Cherno révèlent un doom metal oppressant au son massif et aux rythmiques pénibles et crasseuses, habilement entrecoupées d'arpèges dégoulinants de spleen. Erkki Seppänen au chant est tout bonnement excellent, sachant poser une voix empreinte de mélancolie lors des passages intimistes, ou se révélant imposant dans les moments forts. Les refrains semblent étudiés pour être facilement mémorisables, et ça fonctionne ; le titre "1917", d'ailleurs sorti en single, est taillé pour être un tube, tout du moins en Scandinavie, si friande de métal. Dans nos contrées je ne le parierai pas... Un morceau comme "Chernaya Dyra (The Black Hole)" est quant à lui dans la plus pure tradition Funeral Doom et rappelle quelque peu le "Forest Of Equilibrium" de Cathedral par ses dissonances, son tempo extrêmement lent et son ambiance plombante à se jeter d'un pont. Les vocaux restent toutefois parfaitement accessibles à un auditoire non rompu au métal extrême, les parties les plus gutturales restant largement supportables aux oreilles portant peu de crédit aux vocalises jusqu'aux boutistes.
On sent bien tout au long du disque que Lopakka et Hiilesmaa dominent parfaitement leur sujet car rien ne semble laissé au hasard. Ce bon compromis de Doom extrême mixé à des éléments plus accessibles pourrait bien s'avérer une des grosses surprises de l'année 2008. En tout cas, pour un coup d'essai, c'est un coup de maître!