Certains groupes font preuve d'une telle ascendance dès leur premier effort que tout intéressé est en droit d'espérer une procession d'albums tout aussi remarquables pour les années voire les décennies à suivre. Snot fait partie de ces rares élus. Seulement voilà, parfois le destin en décide autrement. Il y a déjà dix ans disparaissait Lynn Strait, chanteur charismatique de la formation, laissant pour unique témoignage du potentiel du groupe (un album live et un tribute étant tout de même sortis par la suite) ce chef d’œuvre mélangeant métal, hardcore, funk et punk.
Originaire de Santa Barbara, Snot fait partie de la scène métal californienne mais qui a contrario de ses acolytes du nom de Korn ou Limp Bizkit pour ne citer qu’eux, n’a pas cherché à surfer coûte que coûte sur la vague néo-métal très en vogue à l’époque.
La maturité dans l'écriture des titres et la maîtrise des instruments, réellement étonnantes pour un premier (et seul) album, tiennent non seulement aux compositions percutantes et ciselés mais aussi par un jeu impressionnant avec en tête Mike Doling (qui rejoint par la suite Soulfly jusqu’en 2003) spécialiste des riffs tonitruants et des effets wha-wha et, derrière les fûts, Jamie Miller au style technique alliant de façon originale lourdeur et subtilité. Lynn Strait n’est par ailleurs par en reste, son chant hardcore, rageur à souhait, parfois rappé, imposant le respect.
La simple écoute de " Snot " ouvrant " Get Some " donne très vite la pleine mesure de la puissance du groupe et de sa touche si particulière, notamment grâce à un riff métal et groovy monumental introduisant le titre. Mais tout ceci ne tient qu’à titre d’exemple car les douze autres titres composant cette galette affichent tout autant de dextérité sous le signe de la pluralité manifeste.
De pluralité parlons-en car outre un métal-hardcore de haute volée, la cadence se fait parfois soit plus soutenue lors des déferlantes punk (" Deadfall ", " Mr. Brett " pied de nez à Brett Gurewitz, fondateur de Bad Religion, qui avait annoncé la mort du punk), plus modérée lors des groove sessions (" 313 ", " Get Some O'Deez ", " Get Some Keez ") ou fortement imprégnée de funk (" Stoopid ", " Snooze Button ")
Plus de dix ans ont passé, et " Get Some " n’a pas pris une ride. Sans parler d'avant-garde, Snot a réussi à prendre à contre pied un mouvement néo pourtant lucratif voué à l'étouffement à force de se mordre la queue. Et le résultat est là, un album qui dégage hargne et puissance, d'une grande technicité mais sans prise de tête, une grande claque dont la trace risque de rester marquée pour longtemps.