A moins d'être de retour tout juste d'un long séjour sur une île perdue au milieu du Pacifique, vous ne pouvez pas ignorer que certains groupes ont actuellement une propension particulière à la reformation pour offrir à leurs vieux fans, et parfois même aux plus jeunes, quelques ultimes concerts.
Si l'on est en droit de s'interroger sur la motivation de ces groupes, réel cadeau ou besoin d'argent, il en est d'autres qui ne peuvent jouer cette carte que dans le cadre d'une réelle envie de remonter sur scène. Delirium est de ceux-là.
Qui connaît ce groupe italien aujourd'hui ? Bien peu de monde, c'est certain... et pourtant, leur formation remonte à 1971.
Le temps d'enregistrer trois albums et l'aventure se termine en 1975 pour reprendre en 2006, qui plus est avec trois des cinq membres originaux.
C'est un témoignage des représentations publiques de cette reformation qui nous est proposé ici. Et si j'avoue que je suis d'habitude réticent au rock progressif transalpin, je dois bien admettre que j'ai pris un certain plaisir à m'infliger de multiples écoutes afin de pouvoir vous en parler aujourd'hui.
Delirium officie dans un style purement 70's (même la production fleure bon la vieille prise de son bien brute), lorgnant avec délices vers des soli purement jazzy, tel le break de Villagio, et revendiquant une influence majeure : Jethro Tull.
Mais que l'on ne s'y trompe pas, en restant dans un style toujours 70's, Delirium affirme néanmoins son identité propre dans laquelle se répondent régulièrement les solistes, qu'ils soient saxophoniste, guitariste, pianiste ou flûtiste. A titre d'exemple, le très free "Culto Disarmonico" ravira les amateurs de délires jazzy et d'envolées percussives inspirées.
Signalons enfin que Delirium sait se montrer à la hauteur sur des interprétations de ses maîtres, comme le soulignent le Jethro Tull Medley et la reprise d'un standard des Beatles et le tour de la question est fait.
Sans être un groupe qui restera dans ma mémoire, Delirium a le mérite de nous amener ici une galette qui fleure bon l'âge d'or du rock progressif (voire du rock tout court ?) et exempte de toute prétention. Voila encore des musiciens qui se font plaisir d'une façon très communicative. Ca serait dommage de s'en priver.