Magna Carta fut, dans le milieu des années 90, "The" label du Progressive Rock et Progressive Metal, avec comme point de départ des albums Tribute de certains grands groupes de Rock progressif comme Pink Floyd, Genesis, Yes, ou encore Jethro Tull , Rush et ELP. La ribambelle de musiciens qui participa à ces hommages était, pour l'essentiel, sous contrat avec le label. Les membres de Dream Theater n'étaient que des invités, mais on retrouva rapidement le groupe James LaBrie's Mullmuzzler signé par cette maison. Il en fut de même pour de nombreux groupes ayant fait leurs preuves depuis, tels que Shadow Gallery, Magellan, Cairo pour ne citer que ceux-là. Des combos intra label se sont même constitués, comme Explorer's Club, de Trent Gardner, Leader de Magellan, qui invitait ses copains du label (du moins presque tous du label) à venir en studio 'faire de la musique'.
Aujourd'hui supplanté par InsideOut par exemple, Magna Carta ressort quelques CD de ses glorieux anciens à travers des Prime Cuts, sortes de best of pauvres en nouveautés. Shadow Gallery y a eut droit, Mike Portnoy aussi (sans l'accord du batteur qui avait fortement renâclé), c'est aujourd'hui le tour de James LaBrie, le Canadien de Dream Theater. Officiellement, seuls les 2 Mullmuzzler sont des albums de James Labrie chez Magna Carta, mais sa participation à quelques titres de Explorer's Club, à deux Tributes, ainsi qu'à l'opéra Rock Leonardo, permettent aujourd'hui au label américain d'en faire un échantillon représentatif. Au niveau des nouveautés, juste une version rallongée, et 3 autres titres en version raccourcie pour la radio… C'est mince !
La chance de ce chanteur reconnu dans le milieu du progressif, c'est qu'il est entouré de musiciens tous plus brillants les uns que les autres. Mullmuzzler est un foyer de monstres de technique (Mike Keneally et Matt Guillory pour ne citer qu'eux…), et pas une seule faute de goût ne vient entacher les compositions de ce groupe. Le court mais intense "His Voice", issu du premier album du groupe, démontre s'il en était besoin le talent de cette équipe (composition et interprétation sont sublimes). Et comme JL a participé à plusieurs réunions avec Explorer's Club et les "Tribute" de Magna Carta, la liste des musiciens avec lesquels il a travaillé est longue et de qualité…
Le joyau de ce Prime Cuts se trouve au début, avec "Afterlife" version rallongée. Titre du deuxième Mullmuzzler, la version proposée ici dure 3 minutes de plus environ avec en cadeau un superbe solo final (trombone, non crédité, par Trend Gardner). Les titres de ce groupe sont d'ailleurs, sans difficulté, les plus intéressants de la compilation. Les covers de Rush ("Red Barchetta") et de ELP ("A Time and a Place") sont à mettre à part. La prestation de James LaBrie est irréprochable dans les 2 cas, le goût de chacun pour ce type d'exercice fera ensuite apprécier ou non lesdites reprises.
Prime Cuts regroupe des enregistrements datant des années '90 et du début des années 2000. Cette collection démontre l'étendue des capacités vocales du chanteur de Dream Theater, la qualité de son vibrato, et la diversité de ses goûts musicaux. Des reprises précités à ses participations à Explorer's Club (dont un douteux "Vertebrates", composition alambiquée de Trend Gardner, amputée qui plus est de 6 minutes), James LaBrie ne semble jamais hors de propos.
Si vous connaissez votre James LaBrie sur le bout des doigts, seul le titre "Afterlife" pourra vous intéresser. Si vous souhaitez le découvrir, ce disque peut être une bonne carte de visite, mais les 2 Mullmuzzler seraient un meilleur investissement.