Alors qu’il officie depuis ses débuts dans un style Aor, Fate se voit dans l’obligation de modifier la moitié de son line-up, et pas la moindre, à savoir celle composée des postes de chanteur et de guitariste. Le combo danois voit donc débouler en son sein le chanteur Per Henriksen (Crystal Knight, Dorian Gray, Evil), ainsi qu’un jeune prodige de la 6 cordes de 19 ans, du nom de Mattias Eklundh.
En dehors du fait qu’il va éclabousser l’intégralité de cette œuvre de son talent et de son génie, Mattias, qui n’est pas encore « IA », et son compère Per (pas mal celle-là, avouez !) procèdent à une véritable révolution dans la maison Fate. Le néanmoins très agréable Aor sucré et pétillant du quatuor se métamorphose alors en hard-rock FM énergique et hyper efficace. Pourtant, le combo ne rompt pas non plus complètement avec l’identité qu’il s’est forgé depuis ses débuts et il garde toujours cette bonne humeur contagieuse et cette spontanéité à base de riffs entraînants et de refrains efficaces et obsédants. Par contre, la voix du nouveau frontman est bien plus agressive que celle de son prédécesseur. De plus, son grain un brin éraillé est parfois doublé d’intonations vicieuses en parfaite adéquation avec des paroles où la gent féminine n’est pas toujours traitée avec tous les égards.
Cependant, sans minimiser la performance de Per Henriksen, ce dernier et l’ensemble du groupe se retrouvent relégués aux rang de porteurs d’eau pour la star de cet album : Mattias Eklundh. Le suédois enchaîne ici les descentes de manches bien senties et les solos à la fois démonstratifs et hypnotisants qui ne sont pas sans rappeler un certain Eddie Van Halen, le tout alternant avec des riffs irrésistibles à la Steve Stevens, autre monument guitaristique. Impossible d’en faire ressortir un parmi ces 12 titres, si ce n’est l’instrumental « The Whale Song », seul et unique exercice du genre chez Fate, où le jeune blondinet nous gratifie d’un exercice à la fois technique et planant. Du grand art !
Enfin, s’il est difficile, voire impossible, de privilégier un riff ou un solo, il en va de même pour les titres de cet opus qui réussit la gageure d’être à la fois varié et homogène. Si la power-ballade « Freedom » laisse cependant entrevoir certaines limites à la voix d’Henriksen, le reste des 10 titres oscille entre un hard rock FM percutant (« Gotta Have It All » ou « Good Times Coming ») et un Aor dynamique et ultra-entraînant dans la la lignée des précédents albums (« You’re The Best (Money Can Buy) », « Won’t Let You Down » ou « One By One »). A chaque fois, le refrain est immédiat et trotte dans la tête pendant des heures, quand il n’est pas en plus doté de paroles pleines d’humour comme sur l’irrésistible « Larry » au final délirant. Pour terminer avec ce survol des principaux titres, nous ne pouvons pas rester indifférents à un « Walk On Fire » à l’incontournable refrain et au final déchaîné. Impossible également de ne pas citer un « Wanna Be Your Lover » aux nappes d’orgues dignes de Deep Purple ou, enfin, un « Think For Yourself » doté d’un break tout en rondeur et flirtant avec des sonorités funky.
Fate réussit donc l’exploit de révolutionner son style sans pour autant trahir ses fans d’origine, et nous offre ainsi un album incontournable dans un style à la frontière du hard FM et du hard rock pur. De plus, cet opus nous permet de découvrir un véritable génie de la guitare qui, à seulement 19 ans, a réussi à intégrer les influences des plus grands pour en ressortir un style doté d’une identité à la fois propre et forte. Pour toutes ces raisons, il serait vraiment dommage de priver votre discothèque d’un tel joyau.