Voici l'un des plus grands opus du Crimso. Il y eut celui du prog' pur ("In the Court"), celui du classique ("Islands"), celui des prémices hard ("Red"). Lizard est, de toutes les oeuvres du club Robert Fripp, le plus orienté jazz.
Ce troisième album a pourtant bien failli ne jamais voir le jour. Laissé seul par tous ses anciens congénères, Robert Fripp songe un temps à répondre à l'appel de Yes pour remplacer le guitariste Peter Banks. Fort heureusement, une nouvelle équipe est constituée, dont le membre le plus éminent sera Mel Collins, le flûtiste-saxophoniste qui accompagnera Fripp plusieurs années.
Construit sur le même modèle que son successeur "Island", le disque propose une première face en guise de chemin de croix conduisant à la seconde. Ce sera "Lizard", le morceau-titre, et ses colossales 25 minutes, qui résument avec grandeur l'esprit du disque. Impros jazz de cuivres, piano hérité de George Gershwin, imagination débridée et remise en question perpétuelle.
Keith Tippet, qui fut pianiste de King Crimson sur "In the wake of Poseidon", revient participer à cette extraordinaire suite en compagnie de son groupe de jazz, le trop méconnu Centipede. Et pour ponctuer le tout, Anderson chante (d'une voix étonnamment basse) sur l'intro groovy du morceau. Incontournable.