Formé en 2002, Level-C est un quatuor US féminin issu de Cleveland. Ce groupe s’est forgé une certaine réputation en délivrant de nombreux concerts sur le territoire américain. C’est sans doute pourquoi le label indépendant, mais néanmoins toujours entreprenant, Locomotive Music a signé avec ces musiciennes pour assurer la distribution de leur premier album. D’ailleurs, l’encart promotionnel réservé à Level-C sur le site de Locomotive décrit cette formation féminine comme une des plus heavy des Etats-Unis. Alors une question vient à l’esprit : Est-ce une publicité dont l’unique but est d’attirer les regards sur les plastiques de ces quatre filles ? La réponse la plus éclairée viendra tout naturellement après une écoute attentive de cette première galette.
A n’en point douter, Level-C ne fait pas dans la dentelle (à l’exception du crochet, mais au sens purement sportif du terme) en proposant une forme de hardcore tellurique dont les réminiscences ont fait les beaux jours et surtout les nuits torrides d’un club new-yorkais aussi légendaire que le CBGB. En effet, ce premier opus de Level-C transpire ce climat brutal et sauvage. Les musiciennes déploient beaucoup d’énergie sur chaque titre, à commencer par la chanteuse dont le gosier puissamment enflammé ne donne absolument pas envie de la charrier sur quoi que ce soit. Du côté de la six cordes, pas de soucis en vue concernant la manieuse de médiator. Les gros riffs bien épais gavés de distorsion et de gain sont légions tout au long de cet album.
Mais les compositions de Level-C n’atteindraient pas ce degré d’intensité sans le très efficient duo basse/batterie qui permet justement de renforcer davantage ce climat à la fois lourd et combatif. Les lignes de basse extirpées par la demoiselle sont métalliques et ronflantes, à l’image du solide Robert "Rex" Brown, bassiste de Down. Les atouts ne manquent donc pas à l’appel pour parvenir à la réussite de cette première œuvre, d’autant que la production se révèle très live tout en étant compacte et incisive.
Level-C parvient donc sans problème à aligner dix brûlots en forme de petites bombes à fragmentation où les refrains scandés et vociférés n’en finissent pas de marteler les tympans. Les nombreux breaks basse/batterie illuminent chaque composition de manière éclatante avec en prime des soli bien inspirés et non dénués de phasés mélodiques. A ce moment là, tout laisse à penser que l’encart promotionnel concernant ces quatre jeunes femmes tend à trouver une certaine véracité. L’aspect très heavy est en effet prépondérant et par la même occasion place Level-C en bonne posture face à des formations de gros bras comme Down ou Pantera. Ce premier album tient donc toutes ses promesses et permet d'entrevoir que ce groupe très aguerri côté concert est entièrement capable de galvaniser les fosses lors de ses prestations scéniques.
Même si un léger reproche peut être envisagé concernant une quelconque originalité sur les dix plages de cet album, Level-C parvient tout de même à démontrer de manière brillante qu’une relative simplicité dans l’écriture peut aisément rimer avec une réelle intensité. Nos quatre amazones viennent donc de réaliser une première production très prometteuse mais également très accrocheuse. A l’image de leurs glorieuses aînées reconnues dans la sphère métallique, ces musiciennes talentueuses et à la ferveur non dissimulée vont surprendre leur monde et surtout rallier à leur cause les passionnés de métal hardcore graisseux et authentique.