Autant la Pologne nous inonde de groupes de rock, autant la confédération helvétique n'est pas très présente sur ce marché. C'est donc, vous l'aurez compris, un groupe suisse qui va aujourd'hui retenir notre attention. L'origine de ce combo remonte à 1990, sous le pseudonyme de "No Thanx". Après plusieurs années de travail, de changement de formation, de nom, arrive ce CD, récompense de tant de labeur.
La production de cet album est assurée par Markus Teske, dont j'ai eu le plaisir d'apprécier le travail sur le CD d'Amaseffer récemment. Ce Monsieur a, rappelons-le, travaillé avec Symphony X, Saga et autre Vanden Plas (liste non exhaustive, bien sûr). Cette information laisse espérer un disque à la hauteur du bonhomme… Voyons voir…
Ne laissons pas durer le suspens trop longtemps, c'est une déception. Non pas que la production soit mauvaise (encore que...) ou que les musiciens soient en bois, non, mais les compositions sont un rien simplistes (pas toutes, nous le verrons plus loin). Le schéma couplet-refrain, même s'il n'est pas respecté par AON, n'est pas loin. Pour un groupe que l'on peut mettre dans la catégorie du Progressive Metal, l'ambition, caractéristique du genre, est faible.
Prenons le titre qui ouvre le disque par exemple : une ligne de chant on ne peut plus classique, des riffs de guitare attendus, comme si la musique était un assemblage de plans connus, sans être parfaitement reproduits (heureusement). Un bon solo de guitare par ci, une bonne petite mélodie aux claviers par là, mais pas de bon morceau, celui qui fait que vous revenez en arrière par plaisir. Tout cela pendant plus de la moitié du CD.
Le chant n'est pas non plus irréprochable. Juste, mais sans plus. Ecoutez "Wrapped in Silence", titre en partie acoustique, dont l'ambiance est plombée par un chant sans ampleur. Dommage… "Lies of a Memory" enfonce le clou, avec ses plans éculés et son chant plat, malgré les essais d'effets de voix sans succès.
Le titre majeur de ce CD, "The Science of Light", est découpé en trois parties pour un total de plus de 14 minutes. Bien plus intéressante que le reste des titres, cette pièce épique a l'avantage d'être plus mature, plus élaborée. La première partie, longue de 5 minutes, est entièrement instrumentale. La partie centrale est plus variée que ce que le groupe nous a montré jusqu'à présent. Le final, instrumental lui aussi, termine en beauté cette suite. Enfin un titre qui nous fait revenir pour le plaisir. Dommage que parfois, un léger sentiment d'amateurisme gâche la fête.
"The Last Song", duo Chant-Piano (avec un peu de synthé…), ferme parfaitement ce qui restera comme un album déséquilibré, et globalement en deçà de ce qu'il aurait pu être.
La prolifération des formations de Progressive Metal ne permet pas à un groupe de faire le moindre faux pas sous peine de se retrouver irrémédiablement lâché par le reste du peloton et accessoirement abandonné par le public rassasié. C'est le risque que court ce groupe Suisse en ayant sorti un album dont le manque d'ambition est flagrant. Seul "The Science of Light" sort du lot, et ajoute à lui seul, un point à la note.