Rarement album aura été autant décrié par la critique, rarement album aura été à ce point rejeté par les fans de première heure, de la deuxième et des 23 autres. " The Unspoken King " semble faire l’unanimité, personne n’aime ce disque, personne ne peut aimer ce disque sans face, sans race, ce disque honteux, qui sent la corruption et le retournement de veste. Lamentable !
Allais-je rejoindre piteusement le funeste cortège des pourfendeurs de cette rondelle maudite ? Oui, définitivement oui après deux écoutes horribles mais comme deux écoutes ne peuvent suffire au grand professionnel que je suis ( !) je répondrai non, définitivement non ! Non je ne cèderai pas à la facilité en m’inspirant de ce que j’ai pu lire ici ou là, non Cryptosy n’est pas devenu un groupe de neo metal, ni un groupe de metal-core, de pop-core, d’émocore, de maillot de-core ou de jenesaisquoi-core. Cryptopsy n’a pas non plus vendu son âme au démon $$$ en incluant des parties de chants clairs ou quelques nappes synthétiques aussi discrètes qu’efficaces dans ses morceaux, en bref Cryptopsy n’est pas devenu Kyo (psy) !
Le groupe, comme il le fait depuis ses débuts, avance, évolue, refuse la stagnation dans laquelle certains aiment se vautrer sans gloire toute une carrière durant. Cryptopsy ose, tente, innove et c’est cette audace qui permit au groupe de nous offrir quelques pépites qui firent date, régalèrent un publique avide de sensations fortes. Cette audace est aujourd’hui, la raison pour laquelle il faudrait brûler l’idole sans même lui laisser sa chance, simplement parce que cette idole avance plus vite que son auditoire.
Passée la surprise suscitée par quelques parties de chant mélodique interprétées à la façon d’un Mike Patoon, pas au meilleur de sa forme avouons le, par le remplaçant de l’inutile Lord Worm. Passée la surprise provoquée par quelques plans plus accessibles que tout ce que le groupe a pu proposer jusqu’à maintenant, passés tous ces détails qui au final aèrent (et c’est appréciable) le son des Québequois et élargissent leur champ d’action, il ne reste plus à l’auditeur qu’à se concentrer sur des morceaux toujours aussi complexes, toujours aussi denses, riches en (gravity) blast fulgurants qui permettent à Flo Mounier d’imposer une fois de plus son jeu impressionnant de finesse et de variété.
L’effort n’est pas surhumain, il consiste simplement à écouter cet album pour ce qu’il est sans se répéter toutes les 2 minutes, « c’est Cryptopsy et Cryptopsy doit faire du death metal brutal et technique sinon j’aime pas ». " The Unspoken Kings " n’est évidemment pas le chaos organisé qu’était « None so vile » mais regorge de plans furax et brutaux. Le groupe (tout comme nous) aime les compositions a tiroir, les micro-breaks, la dentelle de six cordes, les déferlements chaotiques, la (grande) vitesse alliée à une précision insolente et tout est là ! Difficile à admettre pour quelques champions de la mauvaise foi mais Cryptopsy reste Cryptopsy, l’ambiance sombre, inquiétante, et une nouvelle approche mélodique en plus. Inutile, donc, de bouder son plaisir en se vautrant dans des considérations de bas étage (vendus ? pas vendus ? Hum ?) et apprécions cet album animé par une véritable folie, résolument extrême et définitivement unique en son genre.
Cryptopsy poursuit son chemin contre vents et marées en proposant un album visiblement dérangeant, mais avant tout varié, passionnant, surprenant qui connaîtra probablement son heure de gloire dans quelques années quand le groupe aura splitté et que les esprits se seront un peu ouverts. Tout comme Atheist, Cynic, Pestilence ou encore Coroner en leur temps, Cryptopsy semble avancer un peu trop vite et ose enfoncer des portes que beaucoup préfereraient voir fermées pendant encore longtemps...très longtemps. Comme disait un mec : "De l'audace, toujous de l'audace" !