Soyons honnêtes, je pourrais vous narrer l’histoire du groupe, anecdotes croustillantes à la clé glanées dans la bio qui j’aurai attentivement étudié, afin de passer pour un spécialiste infaillible auquel rien n’échappe. Mais l’intégrité et une certaine déontologie due à mon rang de chroniqueur dédié à la seule cause de son lectorat avide de paroles justes m’oblige à vous l’avouer, Stormlord m’est parfaitement inconnu ! Rââââhhhh la honte s’abat sur moi et j’assume humblement, oui, j’assume cette lacune, cette faiblesse qui égratigne la perfection que je suis.
Soyons positifs, mon ignorance (toute relative, calmez vous) me permet cette fois-ci d’appréhender le quatrième opus de ces Italiens persévérants et obstinés face à un succès qui visiblement aime à se tenir loin d’eux, sans références parasites, les oreilles nettoyées de toute forme d’à priori et prêtes à découvrir enfin cette sensation nouvelle.
Régalons-nous donc, Stormlord c’est lisse, c’est beau, c’est propre. Oui c’est lisse, rien ne dépasse, les enchaînements sont évidents, ça glisse tout seul, les claviers sont imposants plein d’emphase comme il faut. C’est beau, mièvre parfois, même sirupeux quand le groupe mélodise (ouais parfaitement mélodise !) ses gros riffs typés heavy burné à l’aide de nappes synthétiques épiques et sucrées.
Stormlord c’est carré, c’est puissamment produit, avec un son tout compressé à la mode comme si le metal grand spectacle devait sonner comme du Rn’B. Ca veut avoir le plus gros son du sampler offert avec le magazine, un gros son faute de mieux ? Non parce que Stormlord est sûr de son coup, l’album est beau, propre, carré et tout et tout mais l’album est surtout ennuyeux et représente à lui seul l’un des travers dans lequel glisse le metal vaguement extrême qui oublie d’être surprenant, fougueux, violent, inattendu, inventif, dérangeant, corrosif, malsain parfois, ultime toujours.
Ici la voix empruntée au floklore Black Metal est agressive mais sans haine, la double scolaire s’en donne à coeur joie mais ne soulève aucune énergie, ça blaste avec application et surtout sans fougue, Stormlord c’est lisse et ça pose discrètement la pointe d’un pied sur les plates bandes largement souillées de Dimmu Borgir sans le budget pour l’orchestre et sans la classe d’être passé par là en premier. Donc Stormlord ça reste à la traîne avec son gros album calibré..
Epique, power métallique d’inspiration vaguement Black Metal, « Mare Nostrum » participe au trop plein d’une scène ultra saturée. Album pas assez mauvais pour que l’on en dise du mal sans être malhonnête mais certainement pas assez bon pour se laisser aller à en dire du bien. Stormlord c’est neutre donc, ça sort, ça s’écoute, ça s’oublie et on passe au suivant en ayant pris soin de se dépoussiérer les conduits avec un « Pleasure To Kill » naïf et approximatif mais qui nous rappelle que cette musique avant d’être sponsorisée par Walt Disney sentait le souffre et avait une âme...