Drautran est un groupe qui prend son temps ! Formé en 1996 il sort une démo (« Unter dem Banner der Nordwinde ») en 2000 et son premier album en ... 2007 ! Il aura donc fallu 7 ans au groupe pour signer chez Prophecy et composer ce premier méfait longue durée. 7 années qui n’auront pas été vaines tant l’objet de cette chronique est bourré de qualités. En effet ce « Throne Of The Depths », offrant de prime abord un Black Metal Symphonique d’excellente facture, révèle rapidement à l’auditeur charmé des finesses qui l’élèvent largement au dessus d’une masse de concurrents plus ou moins inspirés, plus ou moins doués, plus ou moins dispensables.
Premier élément marquant, le travail des guitaristes qui ne se contentent pas, comme c’est trop souvent le cas dans ce style, de faire de la figuration en tapissant bêtement le son du fond d’une onde distordue et grésillante qui vacille grossièrement dans le spectre harmonique. Les 6 cordes s’imposent ici et façonnent des plans qui se suffiraient à eux même, édifiant un socle métallique solide tenant le tout et amenant une véritable puissance à l’ensemble. Les morceaux sont complexes, le groupe n’hésitant pas stopper les moteurs en pleine furie pour mieux relancer la machine l’instant suivant, autant de breaks qui entretiennent la dynamique de cet album décidemment captivant.
Pour qui saura prendre le temps de tendre l’oreille (sans trop forcer, la production étant parfaitement claire), les compositions de ce « Throne Of The Depths » dévoileront une impressionnante densité et une richesse remarquable sur le plan des arrangements, travaillés, pensés et amalgamés avec soin. Là où beaucoup usent et abusent de claviers pompeux et cache misères, trop évidents, Drautran dissémine les nappes synthétiques avec parcimonie, enrobe de vagues monumentales ses riffs acérés et flirte haineusement avec le grandiose. Un riffing à toute épreuve, des chevauchées « thrashy », des irruptions « death metallique », une grosse dose d’agressivité, une intensité qui ne retombe jamais, un song writing de premier ordre et des claviers majestueux qui en imposent et creusent encore l’ambiance souveraine, aura nocturne, païenne, souffle ample d’une nature divine. Ouah !
Peu de points faibles à relever donc, le sujet est maîtrisé, l’oeuvre a été réfléchie, mûrement et longuement par un groupe patient et consciencieux qui, sans atteindre la classe d’un Emperor sur « Anthems To The Welkins At Dusk », emprunte fièrement la voie, ô combien exigeante, tracée par les Norvégiens et s’en tire avec les honneurs. Espérons simplement que 7 nouvelles années ne nous séparent pas d’une suite désormais très attendue qui pourrait enfin voir l’un des élèves dépasser l’Empereur...