Voici un groupe finlandais dont la création fut accomplie en 2000 sous le nom de Devillac. Ce quatuor dispose d’une manne discographie quasi inexistante, si ce n’est une apparition en 2001 partagée avec Transonic Science, formation allemande œuvrant dans le stoner rock. Il aura donc fallu attendre sept ans pour retrouver Devillac aux commandes de sa première véritable production issue du label Daredevil Records. Cette petite maison de disque, également allemande, ne comporte en fait (pour l’instant) que sept groupes à son catalogue. Est-ce mauvais signe concernant l’arrivée de Devillac avec son premier véritable projet discographique "Three Hours To Coma" sous forme de carte de visite ?
Pour répondre tout à fait franchement, le travail de ce discret distributeur sert Devillac en tout bien tout honneur. Et pour cause, "Three Hours To Coma" déboule sans crier gare car judicieusement étoffé de ses dix compositions nettement axées sur un stoner/rock particulièrement bien appréhendé. La guitare saturée répond sans appel aux notes de basse, diffuses et martyrisées, sur lesquelles se greffe une batterie absolument tonitruante. Rajoutez par dessus ces éléments une voix au registre clair mais très équilibré et vous obtiendrez sans agiter une mixture pétaradante fondée sur un stoner aux contours bluesy et heavy.
Ce mélange détonant sonne fichtrement bien à commencer par l’écoute du premier titre, un instrumental au titre éponyme huilé par de bonnes doses de slide guitar qui ouvre assez calmement l’album. Mais il ne faut pas s’y fier, et attention à la position du bouton volume, car le rouleau compresseur nommé "Man Without A Spine" aura vite fait de dépoussiérer les enceintes, voire largement autour. Lorsque le groupe passe en mode supersonique, le son devient légèrement brouillon mais fait entièrement corps avec le courant stoner. Et ce domaine particulièrement bien ressenti par ces quatre musiciens n’a décidément pas encore fini de faire tanguer ses fidèles apôtres.
D’ailleurs, les rythmes lourds assénés sur des titres comme "Mental" ou "Rough Mountain" au finish formellement plus calme et nuancé ne dispensent pas non plus d’un certain effet de bourrasque. D’autant que le guitariste triture des soli happés de sonorités crunchy et bluesy dont les évocations rappellent que les années soixante dix ont été le berceau du stoner. Devillac s’en souvient très bien et se permet même d’enrichir ce qu’ont pu être les prémices de ce mouvement avec les mythiques et barrés "The Stooges". La longueur et le contenu d’une composition comme "Gainer" renforce cette intuition à très bon escient, car cet allongement ne fait en aucun cas office de remplissage mais lorgne plutôt vers des changements de tempos et des variations sonores. Les dix plages plombées à souhait délivrent en fin de compte un élan de fraîcheur qui peut venir concurrencer en toute légitimité le courant black/death. Côté puissance, la musique de Devillac n’a rien à envier à quelque tendance que ce soit. Il suffit de se repasser "Winchester" et "White Knuckle Drive" pour encore mieux s’en rendre compte.
"Three Hours To Coma" s'annonce par conséquent comme une forme de retour réussi pour Devillac après une si longue absence discographique. Et force est de constater qu’elle a été très bénéfique pour le groupe, qui au bout du compte retrouve un dynamisme et un entrain qui peut faire méditer les plus jeunes formations désirant taquiner ce mouvement toujours bien portant. En tout cas et pour notre plus grand plaisir, ce groupe se doit de maintenir cette ligne de conduite irrévérencieuse et rebelle qui ne fait que confirmer au monde du stoner toute sa raison d’être.