Fates Warning est un groupe de Metal formé en 1984, souvent décrit comme étant dans la lignée d’Iron Maiden sur ses deux premiers albums, puis comme progressif à partir d’"Awaken The Gardian". En 1985 ils sortent leur deuxième album : "The Spectre Within".
Bien que l’étiquette ne leur soit accordée que sur l’album suivant, celui-ci contient sans conteste des éléments progressifs. Le morceau d’introduction (7 minutes) attaque avec un riff digne du Black Sabbath du début. Ensuite les breaks succèdent aux breaks, supportés par les chœurs incantatoires de John Arch dans une ambiance unique. Nous retrouvons des gros riffs bien puissants qui ne devraient pas désorienter les fans de Metallica ("Orphan Gypsy", et surtout "Kyrie Eleison", plus direct et métal), mais la musique des américains est toujours bien ficelée, ce qui est notamment dû à une batterie d’une finesse extrême, sans être rébarbative et trop complexe. John Arch donne de la couleur à ces tourbillons de riffs abrasifs grâce à son chant si particulier. En effet, le chanteur utilise sa voix plus comme un instrument que pour débiter des paroles de façon vaguement mélodique comme beaucoup de chanteurs. Son chant suraigu domine les compositions à la manière d’un violon survolté…
Certes, la production date, et il est par exemple regrettable que la basse ne soit pas assez mise en avant. Le point faible récurrent de Fates Warning est donc bien présent ici. De plus certain pourront regretter que l’album soit répétitif. En effet les morceaux manquent de personnalité, la complexité des riffs et la production trop uniforme donneront souvent l’impression d’écouter un fouillis de breaks et de riffs acérés, au dépend de la cohérence. Bien entendu une écoute attentive permettra de mieux discerner le squelette des chansons, mais une telle écoute peut être fatigante pour le néophyte.
Le bilan est donc globalement positif mais mitigé au moment d’aborder l’ultime piste (11 minutes au compteur). Heureusement la dernière impression sera très bonne. Il convient de dire qu’ "Epitaph" est un véritable chef d’œuvre de Metal Progressif, de son introduction malsaine façon Black Sabbath, soutenue par les chœurs si particuliers de John Arch, en passant par la montée en puissance de la batterie. La chanson s’installe dans un rythme entrainant, alterne passages heavy, arpèges mélodiques, et refrains épiques, continue sur un solo floydien du plus bel effet, pour s’achever sur un ending merveilleux (la fin de "Finally Free" serait-elle née ici ?).
Au final, bien qu'il y ai une réelle marge de progression pour ce groupe, et malgré un petit manque de diversité et de cohérence de l'ensemble, il est impossible de ne pas être admiratif devant tant d’inspiration et de maitrise. Reste l’envie irrépressible de remettre l’album au début et de se l'écouter une dixième fois en pensant à cette époque bénie.