En 1986, Metallica sort "Master Of Puppets", qui confirme les espoirs d'un groupe en passe de devenir l'un des plus grands groupe de Metal au monde. Lors de la tournée de "Master Of Puppets", le 27 Septembre 1986, le bus de Metallica se retourne et Cliff Burton n'y survivra pas. En Janvier 1988, le groupe rentre en studio pour composer son nouvel album "...And Justice For All".
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'un peu plus d'un an après, les Californiens sont toujours en deuil et que l'ombre de Burton plane toujours car la pochette et le son présentent une atmosphère bien sombre... Alors que Metallica s'est posé des questions après la mort de leur génial bassiste, ils reviennent plus forts que jamais. "Blackened" présente toutes les recettes du vieux Metallica, avec un riff surpuissant et la voix de bucheron de James Hetfield... Et alors que l'on craignait (vraiment?) un album en demi-teinte, celui ci s'avère être sur du Heavy Metal surpuissant, habile mélange des albums précédents et de morceaux plus structurés à l'instar de l'épique morceau éponyme, ou de "To Live Is To Die" (quasi-instrumental dans la lignée de "Call Of Ktulu").
L’album ne souffre d’aucun temps mort ni d’aucune faiblesse dans les compositions. Plus que la structure des morceaux eux-mêmes, c’est le son et l’ambiance qui déroutera certains fans. En effet, la production sonne réellement brut de décoffrage, avec une batterie sèche et nette, à des années lumière du bidon d’essence utilisé sur "St Anger" et même de la production plus chaude du "Black Album", son successeur. Les guitares sonnent « live », sans effet ni retouche studio apparente. D'ailleurs, quand Kirk Hammett sort sa pédale, le son qui en résulte détonne avec le reste. L’ambiance est froide et il est possible de ressentir de la colère dans les riffs. Sur certains titres ("And Justice For All" notamment) James Hetfield semble vraiment partir en guerre avec un chant puissant et rageur. Les paroles traitent d’ailleurs essentiellement de la guerre, et de tous autres phénomènes réjouissants engendrés par la société. Hommage sobre à Cliff Burton, pratiquement aucune note de basse n’est audible sur l’album.
Il est difficile de juger des qualités et des défauts de cet album car les défauts peuvent devenir pour certains des qualités et le débat n’est pas prêt de mourir. Il est évident que certains auditeurs et même fans seront déroutés par ce son apocalyptique et cette ambiance pessimiste. Certes à coté de ses alter égo chaleureux et mélodiques ("Fade To Black" et "Welcome Home", respectivement sur "Ride The Lightning" et "Master Of Puppets"), la semi-balade "One" sonne plus froide, complexe, torturée, presque cérébrale, mais elle est tout aussi belle…
Après cet album, le groupe sortira le "Black Album", symbole de la production plus commerciale de Bob Rock, d’un ralentissement du rythme, bref d’une nouvelle ère. Au vu de l’avenir de Metallica, "…And Justice For All" s’impose comme le testament d’une période Speed, structurée, virtuose, au cours de laquelle Metallica a - sinon inventé - démocratisé un genre. Cet album sera toujours contesté, mais il n’en est pas moins indispensable.