Crimson Glory est un groupe de Metal Progressif américain, comme il en naquit dans les années 80. En 1986, ils sortent leur premier album alors que la formation initiale date de 1982 (il s’appelait alors Beowulf), expliquant ainsi la relative maturité de la musique présentée sur ce premier opus.
Dès les premiers accords de "Valhalla", le propos est clair : Crimson Glory fait dans un Heavy Metal très pêchu aux structures complexes, ce qui vaudra au groupe la large étiquette de Metal Progressif. En l’occurrence, sur cet album eponyme, la musique est encore très proche du Heavy Metal que propose des groupe comme Iron Maiden ou Angel Witch, mais avec des breaks et des développements semblables à ce que faisait Fates Warning à la même époque. La comparaison avec leurs collègues américains n’est pas innocente. En effet la particularité de Crimson Glory, c’est surtout le chant de Midnight, souvent rapproché de celui de John Arch, qui se distingue des chants classiques du Metal par une grande nuance dans la voix et une capacité à monter très haut dans les aigus. L’utilisation de ce chant est en grande partie ce qui permet à Crimson Glory de développer un Metal original, comme sur le quasi-speed "Mayday" dans lequel Midnight atteint des notes ultrasoniques, ou encore dans l’épique "Dragon Lady", au chant torturé et virtuose.
Nous retrouverons évidemment des guitares très rythmiques, des solis très mélodiques et une batterie particulièrement sourde et hachée, ce qui donne un résultat nerveux mais très coloré. Les compositions sont assez abouties dans l’ensemble, et la qualité d’exécution des artistes donne un son mature et professionnel à l’album. Sur certains titres se ressent aussi une petite tendance à lorgner vers le Glam Metal ("Queen of the Masquerade", au riff partiellement emprunté à "I Love Rock n' Roll", et surtout la balade "Heart of Steel"), avec des Mid-Tempos très marqués par la frappe de brute de Dana Burnell.
Il est tout de même regrettable que les musiciens n’aient pas pris le risque de développer plus certaines compositions. En effet, l’album n’affiche que 39 petites minutes au compteur, et les moments de calme sont uniquement des balades ou titres quasi-glam, là ou auraient été bien vus des breaks plus mélodiques et audacieux, comme cela sera le cas sur "Transcendance" et comme certains titres ("Lost Reflection", plus intime et sombre, mais encore trop décousu) l’annoncent. L’album souffre d’autant plus de ce manque de mélodie plus douce qu’il est très rentre dedans et dense par rapport à un Queensrÿche par exemple.
Le groupe subira un coup dur en 1987, quand Fates Warning sortira un "Awaken The Gardian", vampirisant le genre, et ils ne parviendront jamais vraiment à sortir de l’ombre de leurs compatriotes. Il n’en reste pas moins que pour un premier album, et pour l’époque, le résultat est plus qu’honorable, et promet une belle surprise aux amateurs de Metal Prog', tant il y a de qualités méritant d’être exploitées.