Vous connaissez tous le format EP. Ce petit CD qui ne paye pas de mine et qui renferme en général juste ce qu'il faut pour présenter un groupe ou nous faire découvrir quelques morceaux qui n'ont pas trouvé leur place sur leur discographie officielle. Cet objet que l'on met distraitement dans le lecteur en fond sonore avant d'aller faire la vaisselle ou consulter ses mails du jour. Cet objet qu'on note avec bienveillance parce qu'après tout, l'effort d'essayer de nous offrir 20 minutes de plaisir est toujours meilleur que de ne rien offrir du tout.
Sauf qu'avec Orphan Project, je suis resté assis. Au bout de 20 minutes, je ne retenais qu'une chose : cet EP renferme la reprise la plus hallucinante qu'il m'ait été donné d'entendre. Et ces ricains se sont attaqués à un certain "Another Brick In The Wall". Il fallait oser et je pense qu'ils n'ont pas fini de se prendre des réflexions désobligeantes par les puristes pour ce qu'ils en ont fait. Mais je ne suis pas un puriste, loin s'en faut, et je crie haut et fort que rien que pour cette reprise, les rockeux de chez MW doivent se procurer cette pépite.
Je vous le garantis : vous n'allez pas décrocher pendant plusieurs jours et, au bout de ces longues journées, vous vous intéresserez enfin aux trois autres morceaux et serez obligés de constater qu'on a là un groupe très prometteur dans son style.
Mais la question est avant tout : qu'est-ce qu'Orphan Project ?
Il s'agit d'un groupe de quatre américains qui font du gros rock d'américain au sens premier du terme. Des guitares bien grasses et lourdes, du vrai riff bien lourd et travaillé, un clavier en soutien et une bonne voix bien virile, le tout soutenu par une section rythmique qui fait bien bouger les cheveux.
Il en ressort que les trois morceaux "Angels Desire", "My Goodness" et "Empty Me" font dans la constance avec une construction rock tendant vers la FM, immédiatement accessible mais imaginative quand même. Et comme on dit dans le milieu des salles de répét' : ça joue !
Les 4 gars nous servent donc leurs compositions qu'ils ont certainement peaufinées durant plusieurs semaines dans le studio de l'un d'entre eux, voire dans leur garage, avant d'entrer en studio pour nous pondre un EP très bien léché.
Et je me prends à les imaginer en train de se dire qu'il faudrait trouver un truc qui les démarque des productions habituelles et qui, en plus, leur permette de mettre le feu en fin de concert.
J'en vois aisément un en train de lancer timidement l'idée saugrenue : "et si on reprenait un truc connu, genre Another Brick In The Wall ?". Tout le monde se marre et finit par essayer, pour rigoler. Sauf que la sauce prend et qu'on tourne autour de ça.
Et le guitariste y va de ses modulations et transforme la ligne de guitare en un riff de tueur.
Et le batteur imprime un beat sur lequel le bassiste et le clavier se raccrochent rapidement, y allant chacun de leur petit solo.
Puis, sous les yeux ébahis de tout le groupe, le guitariste se souvient qu'il aimait bien les compositions latinos et se lance dans un break auquel le batteur n'arrivera à mettre fin que par un solo bien senti et permettant de revenir à un propos vraiment rock.
Je vous le redis : je suis sorti de cet album le sourire aux lèvres, comme un gamin heureux d'avoir constaté qu'on pouvait oser des trucs juste pour se faire plaisir, sans se soucier de choquer.
Allez-y, c'est du tout bon. Et s'ils jouent comme ça en concert, je veux être là.