Écouter un nouvel album d’Alice Cooper, pour ceux qui le connaissent depuis quelques années, c’est un peu retrouver l’ami, de 10, de 20, de 30 ; oh pardon, de déjà 40 ans. Peu importe ce qu’il raconte, peu importe même s’il raconte parfois les mêmes histoires, on est toujours très content de le revoir. Cette routine, c’est un peu le piège, dans lequel Vincent - ben oui, les amis s’appellent par leur prénom - était tombé lors de ses dernières visites. Sympa, on passe un bon moment ensemble, sans plus, mais vivement qu’on se revoie. À plus ! Avec « Along Came A Spider », Alice Cooper a manifestement compris qu’il devait revenir nous raconter de belles histoires et non plus radoter. C’est donc un concept album, l’histoire d’un serial killer fasciné par les araignées, qu’il nous conte.
Dès l’intro, l’ambiance est posée... Attention, Papy Furnier va faire le pitre et tenter d’effrayer nos petits chérubins. « I know where you live » est un bon rock, avec des gimmicks très années 70 (clappements de mains comme dans le « Cuz I Luv You » des Slade), un peu de cuivre et quelques chœurs ; c’est une entrée en matière sympa. La transition est épatante, 20 ans passent en un éclair, et les sonorités lourdes et plus modernes de « The Last Temptation » nous reviennent avec « Vengeance Is Mine », sans doute la meilleure plage du CD. Slash, qui y gratte avec joie, y est peut-être pour quelque chose. « Wake The Dead » vaut surtout par l’intervention à l’harmonica de Ozzy Osbourne qui l’a coécrite, mais manque de mélodie. Heureusement, avec « Catch Me If You Can », nous retrouvons l’univers unique de BD d’horreur d’Alice. Très 70’s, c’eut pu être un hit à l’époque, très accrocheur ! Retour hybride à un son plus moderne, malgré les quelques clappements de mains habituels, avec « (In Touch With) Your feminine », morceau entraînant et accrocheur.
Les fans vont sans doute adorer, car c’est probablement le meilleur album d’Alice Cooper depuis bien longtemps, et il semble offrir une synthèse de ses meilleures périodes. Encore quelques exemples ? Les 70’s avec l’excellent « The One That Got Away », la période 80’s de « He’s Back/Poison » avec « I’m Hungry » et puis « I Am A Spider », qui nous emmène vers celle un peu plus aventureuse des années 90. À noter deux balades assez réussies, qui participent bien à l’ambiance du concept, « Killed By Love » et « Salvation ».
Et le concept de ce tueur qui dépèce des femmes en leur empruntant un membre à chacune, histoire de recomposer une araignée? Tentez de comprendre les paroles, l’histoire et l’humour d’Alice en valent la peine. Au final, un album varié, inégal, mais qui s’écoute et se réécoute avec un réel plaisir. Cher Alice, « You Trap, You Kill, You Eat » and You revenez quand vous voulez, vraiment !