Avec Dark Saga (1996) John Schaffer (guitare) avait trouvé la recette idéale présentant un excellent album de heavy métal, et pour son nouvel album, il va l’appliquer à l’identique tout en l’améliorant encore. Disons le d’avance, Something Wicked This Way Comes reste à ce jour l’œuvre la plus aboutie du groupe et de son guitariste. Il est d’ailleurs construit de la même manière que son prédécesseur avec les trois derniers titres liés en un seul, ici la trilogie "Something Wicked".
Musicalement, nous restons donc dans un power metal très incisif qui prend soin de calmer le jeu par des titres plus doux. D’ailleurs à peu de choses prêts, un titre heavy s’enchaîne avec une power ballade, et cette alternance qui parait risquée est une réussite tant la voix de Barlow est parfaite pour ce genre d’exercice. L’homme a la faculté de changer de registre avec une facilité déconcertante.
Une grande partie des treize titres que compte l’album pourraient sans peine figurer sur un 'best of' du groupe. Dans les titres incisifs, nous retiendrons les ultra heavy "Burning Times" et "Disciples Of The Lie", ainsi que le carrément thrash "Stand Alone". Schaffer y démontre sans difficulté son talent de compositeur à la rencontre encore une fois du Metallica époque "Master Of Puppets" et de Iron Maiden.
Mais l’homme sait également proposer des plages plus calmes. "Watching Over Me", écrite en hommage à un ami disparu, est une petite merveille de power ballade, rehaussée par un chant splendide. C’est aussi le cas sur "Melancholy (Holy Martyr)" qui est encore un cran au-dessus par des passages acoustiques superbes. Une vraie perle qui colle le frisson à chaque écoute. Dans ces ballades, il n’y a guère que "Consequences" qui paraisse dispensable car trop évidente. Mais avec "My Own Savior", nous repartons de l’avant dans une déferlante très heavy, mais avec cette touche épique apportée par Barlow, sans doute le seul capable d’être aussi à l’aise dans ce registre sur une musique aussi heavy. Avant la trilogie finale, nous remarquerons un instrumental épique énorme, "1776", sans doute l’un des meilleurs jamais écrit dans le style qui transporte l'auditeur en un peu plus 3 minutes.
Mais c’est bien la trilogie finale qui est la plus marquante. Sur 20 minutes et 3 titres, nous en oublierions presque ce qui a précédé. Le meilleur de Iced Earth s'y retrouve avec un superbe florilège de passages heavy, thrash, de voix épiques et mélodiques, de moments plus calmes et nuancés et surtout un final dantesque de 9 minutes, où se mêlent chœurs, claviers, piano et guitares incisives.
Avec cet album, Iced Earth signe un coup de maître, de loin le meilleur sorti cette année là et carrément l’un des meilleurs de la décennie dans le genre. Une oeuvre indispensable à tout fan de heavy métal qui se respecte.