Top ! Je suis un duo d’origine suédoise évoluant dans la musique progressive et dont le chanteur a des accents proches de Peter Gabriel ... Carptree ? Ah, c’est ballot, il y avait un piège ! Je suis... Unifaun, c’est à dire la confrontation ou plutôt la synergie de deux personnalités, Nad Sylvan (le blond aristocratique aux longs cheveux, assurant vocaux, guitares, basse, claviers et batterie) et Bonamici (l’homme au crâne rasé, dévolu aux claviers et sons vintage). Avec un nom directement issu des premières paroles de Dancing Out with the Moonlit Knight (Selling England pour les profanes, de Genesis), le combo clame haut et fort son admiration pour le groupe anglais et le prouve tout au long de ce premier album.
Les groupes récents affichant leur adulation pour la Genèse sont légion : pour ne nommer que les plus “conformes”, je peux par exemple citer les Italiens de The Watch ou les Suédois de Simon Says. Unifaun livre un travail plus mélodique que les Transalpins, et aussi fouillé que les Nordiques : le premier titre, avec son intro rappelant très fortement le mythique Watcher of the Skies, ouvre très intelligemment l’album, en collant un sérieux uppercut au plexus de l’auditeur fan des 70’s : le son est vintage à souhait, et la composition a suffisamment de profondeur pour réveiller la nostalgie qui sommeille inévitablement au plus profond du passionné des premiers échos du progressif. La voix, au timbre intermédiaire entre Collins et Gabriel mais aux accents plus théâtraux d’un Fish, permet de s’immerger encore davantage dans les souvenirs.
Dans ce long album (près de 76 minutes tout de même), tout n’est pas du même niveau : le duo a commis quelques faux-pas en tombant dans la mélodie facile (les mauvaises langues diront que c’est le côté Collins qui ressort ! ). Le milieu de l’album montre ainsi un passage à vide, comme en témoignent A Way Out, limite creux, Maudlin Matter, assez mineur, et Welcome to the Farm, très pop et très hors de propos, ainsi que deux petits instrumentaux mélodiques et agréables mais dispensables (Finistere, Bon Apart). Rien d’inécoutable mais nous sommes ici très loin des ambitions affichées par le morceau d’ouverture !
Mais pour le reste, qui concerne donc la majeure partie de l’album, c’est du tout bon ! L’amateur va évidemment jouer au jeu des ressemblances et trouvera des réminiscences de toutes les périodes de Genesis. Pour autant, le duo se défend d’être un “tribute band”, mais s’affiche plutôt comme un groupe qui joue “dans le paysage sonore de Genesis”. Pari réussi, tant des compositions comme Quest for the Last Virtue, un épic très bien articulé de près de 14 minutes ou l’impeccable End-or-fin, astucieusement placé pour clore en beauté l’ouvrage, sont attachantes. Signalons aussi un très joli exercice de style, Rehacksis (pour REnouveau HACKett GeneSIS ?), un instrumental résolument “hackettien” où l’on retrouve les sonorités qu’affectionne le grand Steve (la guitare bien sûr, mais aussi le hautbois et la flûte).
Servi par une production impeccable, ce premier essai est une réussite légèrement entachée par quelques inutilités placées en milieu d’album. En élaguant ces quelques rejetons indésirables, Unifaun pourrait bien nous livrer de prochaines récoltes plus que prometteuses !