Originaire de Strasbourg et pratiquant la guitare depuis plus d’une décennie, Alex Ehrsam s’inspire de nombreuses influences dans le jazz et la fusion. Il cite lui-même Miles Davis et John Coltrane comme inspirations ainsi que de grands noms de la guitare jazz comme Alan Holdsworth, Mike Stern ou Greg Howe. Pour son premier album, Alex Ehrsam s’est entouré de Patrick Chapus à la basse, du saxophoniste Christophe Rieger et du guitariste Nicolas Muller qui vient le seconder sur deux morceaux. Alex Ehrsam se charge de la programmation en batterie, de parties de basse non exécutées par son comparse et des séquences de claviers.
Durant neuf morceaux le strasbourgeois nous emmène sur son territoire jazz fusion parfois dissonant (« Out U Go ») et souvent exigeant dans tous les sens du terme. En effet, il est assez difficile de suivre le cheminement des morceaux tant l’approche est libre, laissant à l’auditeur non initié un sentiment de chaos trop rarement entrecoupé de phrases mélodiques et cohérentes. La musique de Ehrsam est très technique car celui-ci maîtrise parfaitement tous les outils du guitariste moderne, à savoir le sweeping, le tapping, le legato et l’harmonie avec les gammes et les modes, lui permettant de mélanger les approches avec fluidité.
Le morceau « Elevator shaft » débute sur une ambiance presque hawaïenne avec saxophone et batterie programmée; on se croirait presque dans une salle de relaxation. Mais il bascule brusquement sur des arpèges avec un son à effet qui laisse croire à un changement de morceau. La rupture est sans doute trop marquée et l’exploitation de chacun de ces deux thèmes aurait pu être envisagée séparément. On regrettera aussi l’absence d’une vraie batterie car la boîte à rythme est assez insupportable, surtout dans un album instrumental. Le son que Ehrsam tire de sa Stratocaster est typique d’un jazz rock avec une bonne dose de saturation mais malheureusement celui-ci ne varie pas assez les ambiances et est assez avare en effets.
Dans les points positifs, on citera le bon groove et les riffs de « Fix » ou de « Scab Co-worker » et la belle partie acoustique de « Cold Chill ». En 39 petites minutes, Alex Ehrsam passe en revue quantité de ses influences et styles avec crédibilité mais aussi avec confusion et désordre.
En conclusion, il est assez difficile de rentrer dans ce Djaz_dtox quand on est profane ou hermétique en matière de jazz rock. On imagine toutes les difficultés qui entourent la composition et l'enregistrement d'un premier album et de ce point de vue là on ne peut qu’encourager un jeune guitariste surtout quand celui-ci à des choses à exprimer au-delà d’une redite pure et simple de ses sources d'inspiration. A réserver donc aux spécialistes, amateur d’ésotérisme musical.