En fin de compte, ce n’est pas la fête tous les jours pour les amateurs de FM. Certes, ça déboule en nombre, mais la qualité est rarement présente au rendez-vous. Je vous parle de la qualité avec un Q majuscule, celle qui vous fait user un CD sur votre platine en prenant à chaque fois une claque supplémentaire. Autant les amateurs de Prog, de Pop, voire de Heavy peuvent s’estimer heureux, autant nous, pauvres diables que nous sommes (Copyright Julio Iglesias), nous les fans d’AOR/FM/Hard Mélodique, il est rare que nous tombions sur une œuvre qui nous fasse rester plus longtemps sous la douche histoire de fredonner jusqu’au bout les titres d’un opus de rêve. Eh bien voyez-vous jeunes gens, nous en tenons un d’album de ce calibre, il nous vient d’outre-Rhin, de Hanovre pour être précis, "Dream And Deliver" est son nom, Dreamtide son géniteur.
Commençons par nous attarder un instant sur la somptueuse pochette de l’opus où se trouve un attrape-rêves (dreamcatcher en anglais). Selon la légende indienne, cet objet emprisonnait dans sa toile les cauchemars, les empêchant d’atteindre le dormeur (ils s’évaporaient dés les premiers rayons du soleil) en laissant glisser les rêves. Dreamtide, littéralement « la marée du rêve » (décidément) doit son nom, selon ses membres, à l’idée que les rêves et la musique ont beaucoup de points communs et génèrent des sensations indescriptibles et irréelles, leur musique pouvant être comparée en cela à une marée de rêve… il apparait d’entrée que nous n'allons pas disserter sur un album de Thrash.
Ces rêveurs allemands ne sont pas tout à fait des inconnus. En effet, malgré leurs noms imprononçables (des noms qui s’éternuent en fait), Helge Engelke, le très affûté guitariste, Thorsten Lüderwaldt, le claviériste, et CC Behrens, le batteur, furent des membres du disparu Fair Warning (auteur de cinq LP entre 1992 et 2006). Par ailleurs, leur compère bassiste n’est autre que ce cher Francis Buchholz, ancien membre (jusqu’en 1992) des Scorpions ! Ajoutez à ces quatre-là, un frontman ayant poussé la chansonnette aux côtés d'Uli Jon Roth (et de Buchholz) au sein de son groupe et vous commencerez à comprendre que ces gens-là ne sortent pas de nulle-part et ont déjà fait leur petit bonhomme de chemin avant de vous proposer cet album du feu de Dieu qui s’avère être, après "Here Come The Flood" et "Dreams (…) For The Daring", le troisième essai du quintet.
Un album fort recommandable écrit donc le chroniqueur, d’accord, mais pourquoi ? Sans aucune hésitation, je vous répondrai pour quatre raisons. La première est qu’il est blindé de refrains accrocheurs. Pour vous en convaincre, vous pouvez jeter une oreille sur… tous les titres ! Certes, vous devriez avoir rapidement une préférence pour « A Fools Crusade », « Your Beat », « Download A Dream » (attention, chef d’œuvre !), « Stronger », « Keep From Falling » et « The Vow », mais franchement les autres morceaux se défendent vraiment magnifiquement. La seconde raison est que les arrangements sont impeccables en cela qu’ils sont bien plus riches que ce à quoi le genre nous habitue trop fréquemment. En effet, les chœurs sont très travaillés (quelles musicalités !) et les tempos varient. Nous passons du FM à l’AOR (sur les ballades), et du Hard Mélodique aux tonalités Funk (la guitare sur le dansant « Your Beat ») ou Blues à la Hendrix (la magnifique ballade « Dancing When The Night Falls »). La troisième est que Helge Engelke est un guitariste absolument extraordinaire, non pas du fait de sa technique (quoique), mais plutôt par le feeling particulièrement transporteur dont il fait preuve à chacune de ses interventions. La quatrième et dernière raison est, qu’à l’écoute de cet opus, on pense souvent à Journey, une référence dans le genre, mais un Journey guidé par une inspiration maximale !
Alors, ne tergiversez pas plus longtemps, amateurs de Hard Rock léché, foncez droit sur cet excellent album, le meilleur, m’est avis, dans sa catégorie cette année. Vraiment, un magnifique objet.