Il y a une question qui me revient souvent lors de mes longues nuits de philosophie sur le monde du metal : " Mais pourquoi les groupes de black s'entêtent-ils à sortir des albums avec des pochettes horribles ? ? ? " Bon, je modère mes propos, déjà certaines sont très soignées, je pense notamment à Cradle Of Filth. Et puis, le Black n'est pas fait pour être beau, alors à quoi bon des belles pochettes ?
Cette question serait quand même à étudier pour le cas Enslaved. Il s'agit bien là d'un cas à part. Ayant fait un début de carrière dans le black/viking metal à la norvégienne, ce groupe a su évoluer. Ses deux derniers méfaits en date, Mardraum et Monumension sont d'ailleurs difficilement qualifiables de black tout court.
Intéressons nous à Monumension. Plusieurs surprises sont au rendez-vous. On a affaire à un album concept traçant un voyage astral à l'intérieur de soi, le tout à travers 8 éléments symboliques de la mythologie viking. 8 rituels. Psychédélique et viking donc, en effet ces deux adjectifs reviennent très souvent tout au long de cet album. Tout est fait pour retranscrire cette ambiance sombre et déroutante, des voix claires et hypnotisantes, des solos entêtants, sans oublier les passages lents et psychédéliques.
La variété de ce disque est vraiment étonnante et rafraîchissante., il n'est plus question de black, Enslaved fait du metal. La première chanson se termine par un passage acoustique, la deuxième part dans tous les sens avec un riff carrément stoner, la quatrième piste est calme et presque entièrement acoustique (! ! !) et rappelle King Crimson. Bref, Enslaved varie les plaisirs et nous n'allons pas le contredire, écoutez l'extraordinaire break carrément stoner ( tient donc) de Visions : sphere of the elements et vous partagerez sûrement mon avis.
Seul petit bémol, quelques instrumentations vont un peu loin, au point de devenir complètement incompréhensibles, Self Zero par exemple. Mais ce n'est en fait que prévisible quand on tente des nouvelles choses, et dans ce cas, ça vaut vraiment le coup. Passé donc le problème de la pochette belle de l'extérieur mais affreuse à l'intérieure, cet album est bon, même rafraîchissant, exploit plutôt rare de nos jours.