2008 ou l’année d’une hyperactivité pour Max Cavalera. Après la sortie d’"Inflikted" de Cavalera Conspiracy, à peine aura-t-on eu le temps de compter les mois sur les doigts d’une main pour que paraisse à son tour le sixième album de Soulfly. De quoi largement combler la tribu des fans purs et durs de Max Cavalera, mais initiative qui peut s’avérer à haut risque à l’égard des autres amateurs de la musique du renommé brésilien. Deux albums si rapprochés dans le temps ne serait-ce pas tendre le fameux bâton pour se faire battre ? En effet, comment ne pas être tenté de comparer les deux disques, même s’il faut bien reconnaître qu’ils sont presqu’aux antipodes l’un de l’autre, non pas tant d’un point de vue du fond mais surtout de la forme.
Alors que l’opus du projet parallèle des deux frangins Cavalera, sans atteindre de hauts sommets de plaisir auditif, se voulait direct et sans fioriture, ce "Conquer " s’inscrit dans la tradition de l’œuvre du "vol de l’âme". Une sorte de rejeton entre un nuancé "Prophecy" et un plus speed et brutal "Dark Ages".
L’album débute par le morceau sans doute le plus violent qu’ait jamais composé Soulfly. Co-écrit avec David Vincent de Morbid Angel, "Blood Fire Hate", est un très bon titre de thrash/death metal. S'ensuit "Unleash" dans lequel se côtoient fureur et plénitude apaisante. D'ailleurs quasiment tous les titres de ce "Conquer" mêlent des instantanés de plus ou moins grandes brutalités et des passages plus ou moins vastes d’accalmie comme en témoigne parfaitement et également l’excellent titre "Warmageddon"
Soulfly dans ce "Conquer" revient avec force aux ambiances ethniques quelque peu délaissées sur "Dark Ages" : musique traditionnelle d’un groupe folklorique égyptien en conclusion du titre "Fall Of The Cycophants", musique latine sur le titre de "Fort Those About To Rot" qui se conclut, tout comme le titre presque doomesque "Touching The Void", sur une touche planante de world music. A cela s'ajoute l’habituel passage de cithare, mais cette fois-ci jouée par Max Cavalera en personne, et un petit coup de dub sur "Doom".
Seule incongruité de cet opus, le titre final "Soulfly VI", très belle ballade instrumentale au demeurant, mais morceau extraterrestre comparé au reste du disque. Il nous ferait presque oublier que l’on vient d’écouter pendant plus de cinquante minutes un disque de thrash. Un drôle de choix qui n’est pas fait pour inciter à se remettre de suite une couche auditive de ce "Conquer".
Mieux vaut se méfier de ceux qui affirment que Max Cavalera a privilégié les compositions de Cavalera Conspiracy au détriment de celles de Soulfly, qualifiant ce sixième opus de peu inspiré et de bric à brac musical artificiel. Car "Conquer" s’avère au final un album beaucoup plus cohérent qu'il n'y paraît de prime abord et est franchement très agréable à écouter. En bref, un autre très bon album de Soulfly.