"Motörizer" ou le vingtième album (en comptant On Parole et No Remorse) d’un groupe qui fête cette année ses 34 ans d’existence ininterrompue. Vingt albums et pas une seule bouse. Rien que çà, cela force le respect. Acheter un album de Motörhead c’est faire un investissement confiant dans une valeur musicale sûre. Pas de possibilité de tromperie, ni de supercherie, on sait ce que l'on achète et on sait pertinemment que cela va être bon. La seule question que l’on peut à la rigueur se poser est de savoir si le nouvel album, que l'on tient fébrilement entre nos mains, va être seulement bon, s'avérer très bon ou atteindre l'excellence ?
"Motörizer" s’inscrit dans la grande tradition musicale de Motörhead où chacun des trois comparses donne encore toute la mesure de son talent de musicien : Lemmy à la voix éraillée et à la basse omniprésente s'impose en grand maître de la rythmique, Phil Campbell s'affiche en maître lead avec des soli de guitares toujours aussi percutants et enthousiasmants et Mikkey Dee assure la batterie de façon magistrale avec un jeu toujours autant inspiré et varié.
L'album s'ouvre sur le titre "Runaround Man", qui comme d’habitude chez la bande à Lemmy vous met la baffe qui s'impose. Un titre bien speed à la rythmique et au chant gallopants, juste histoire de nous mettre tout de suite dans le bain et de nous rassurer, bien inutilement, sur la forme physique et musicale de Motörhead. S’ensuit le tout simplement excellent "Teach You How To Sing The Blues", avec un Lemmy "à basse sourdissant", qui à n’en pas douter figurera en bonne place sur la play-list de la future tournée du groupe.
Le reste du disque s'enchaîne sans temps mort comme à l'accoutumée entre des titres coups de poing comme "Rock Out" et "Buried Alive" comparables à un titre comme "Overkill" avec une rythmique basse-batterie fracassante, des morceaux trépidants avec "Back On The Chain" aux relents bluesy, "The Thousand Names Of God" titre final où la guitare de Phil Campbell n'est pas sans rappeler parfois celle d'un Joe Perry d'Aerosmith, ou "English Rose" chanson d'amour façon biker et enfin des titres plus mid-tempo à l'instar d'un "One Short Life", sorte de blues métallique, ou d'un "Heroes" à la mélancolie affirmée.
Certains estiment que Motörhead n’a jamais été aussi bon que maintenant. Même si assurément je ne partage pas ce point de vue, force est d'admettre que dans sa configuration actuelle, Motörhead nous délivre à chaque fois des disques de très bonne facture. Et ce nouvel opus, "Motörizer", vient une fois de plus renforcer cette inextinguible conviction. Motörhead signe là encore un grand album, juste un de plus.