Hiver 93, un vent froid venu tout droit de Scandinavie, avec ce retour en force des "Death Babies" comme ils sont alors surnommés dans la presse spécialisée. Second album très attendu de Dismember faisant suite à l'unanimement acclamé "Like An Ever Flowing Stream" qui a participé avec notamment le "Left hand Path" de Entombed à l'écriture du premier paragraphe de la saga 'Swedish Death Metal'.
Bon autant le dire tout de suite, la pochette sent le rance. L'hémoglobine orange, une cage thoracique ouverte en polystyrène, voilà qui est tout aussi crédible qu'une scène de combat de X-Or contre un monstre en mousse violette. Après coup, Fred Estby expliquera que c'était en fait un clin d'oeil parodique à la très connue photo de Jim Morrison torse nu. Il fallait le savoir ! Bon, le Suédois n'est pas forcément connu pour son bon goût, y'en a même qui vivent dans des maisons en bois peintes en jaune et orange, alors...
Le titre de l'album, "Indecent and Obscene" est quant à lui inspiré du papier d'un journaleux anglais qui, apparemment "shocked" (Oh, my God!) par les paroles, l'imagerie et l'attitude du groupe lors de leur précédente tournée en terres britannique, utilisa ces termes pour les définir. Il faut dire qu'à cette période Dismember était particulièrement provocateur (rappelons la très jeune moyenne d'âge de la formation) et s'était par exemple spécialisé dans le lancer de seau d'hémoglobine lors de leurs shows...
L'album se compose de 8 nouveaux morceaux et d'un vieux titre exhumé et rafraîchi, "Reborn in Blasphemy" qui est aussi le titre de leur demo de 1990. Dans la même veine que le premier album, "Indecent and Obscene" se veut toutefois plus rentre dedans que son prédécesseur. Des titres impitoyables de moins de trois minutes comme "Fleshless" et "Eviscerated (Bitch)" (1:52 pour ce dernier sans l'outro/interlude au piano et ses pauvres quatres notes) sont envoyés par un Estby qui matraque sans relâche par dessus les grosses grattes au grain énorme, râpeux comme le bitume qui arrache la gueule du cycliste se vautrant en pleine descente du Mont Ventoux. Car oui, si le son est tout de même moins crassouilleux que sur "Pieces", EP de cinq titres enfanté un an plus tôt, le timbre est tout de même plus raw que sur "Like An Ever Flowing Stream". Un bon compromis entre les deux en sommes.
A cette approche très live, on peut reprocher le son de la claire qui se trouve parfois étouffée dans les tempos les plus rapides. Dismember est à la recherche du break qui tue à en croire les deux qui se succèdent en un temps record de 20 secondes sur "Soul Devourer". La palme revient sans aucun doute à celui de "Skinfather", énormissime et amorcé par le maintenant fameux "Why don't you just kill yourself", repris à l'unissons de la fosse jusqu'à la buvette lors de cet incontournable des set lists. L'album se termine sur ce qui est très certainement le titre le plus connu des Suédois, "Dreaming In Red". C'est aussi, et de loin, le plus mélodique. Tout y est : l'intro mélancolique à la basse, la grosse gratte terrassante, Matti Kärkki qui (kiki?) module sa voix à merveille, l'accélération qui va bien, mais surtout la mélodie pondue par un David Blomqvist qui se laisse plus que jamais aller à ses inspirations 'heavyesques', grand fan de Maiden devant l'éternel. Impossible à l'époque de mater un Headbanger's Ball sans tomber sur le clip, pourtant pas transcendant en lui-même.
Indecent, obscene, peut-être pas... Indispensable, oui! Un album entier, inspiré, balancé par un Dismember ne subissant pas encore les pressions de son label. A ce propos, l'interview d'Estby et Kärkki sur le DVD "Live Blasphemies" amène la lumière quant à la direction musicale prise sur la galette suivante qui fut une grosse déception générale...