1991, année charnière dans la carrière de David Lee Roth qui n’avait connu jusqu’alors que les sommets des charts. En effet, depuis cette année marquée par la sortie du très honnête « A Little Ain’t Enough », le sort n’épargnera plus l’ex-chanteur de Van Halen !
Le retour de manivelle ? Toujours est-il que cette époque marquée par l’apogée du grunge signifie la mise sous l’éteignoir du fond de commerce de David Lee Roth qui pour couronner le tout, se retrouve sans groupe fixe entre départ volontaire et défection malheureuse !
Et c’est en 1993 que Diamond Dave touche définitivement le fond lorsqu’il est arrêté en possession de produits illicites faisant les choux gras des médias qui l’avaient précédemment portées aux nues.
Mais le bonhomme a de la ressource et sait rebondir au propre comme au figuré ! Il revient donc en 1994 avec un surprenant « Your Filthy Little Mouth » entouré encore une fois de la crème personnifiée cette fois-ci par le fameux producteur Nile Rodgers (CHIC, David Bowie, Madonna, INXS, Al Jarreau, Diana Ross, Duran Duran et… Sheila B. and Devotion).
Ce quatrième album de la carrière solo de David Lee Roth débute, comme de tradition, par des titres heavy rock accrocheurs à savoir « She’s My Machine », « Big Train » en passant « Everybody’s Got the Monkey » particulièrement enlevés. Mais outre cette entame hautement énergique et addictive, la suite de ce « Your Filthy Little Mouth » est caractérisée par un éclectisme forcené auquel David Lee Roth ne nous avait pas habitué. La diversification afin de retrouver les sommets ? Toujours est-il que le frontman repousse les limites de l’expérimentation en visitant des contrées jusqu’alors inconnues comme le lounge, le reggae voire la country entre titres rock et blues ! Un patchwork de styles musicaux assez impressionnant qui s’avère plus relever de la démonstration qu’autre chose entre les curiosités reggae (« No Big’Ting »), country (« Cheatin’ Heart Cafe ») en duo avec le célèbre chanteur country Travis Tritt ou encore le déconcertant remix de « You're Breathin' It » ! Mais à ces explorations qui sont plus amusantes que réellement captivantes, nous préférerons les bluesy « Land’s Edge » ou « Night Life » voire le rock de « A Little Luck » mais surtout le sublissime « Sunburn » envoûtant à souhait où la voix chaude de David Lee Roth nous ensorcelle !
En bref, avec ce « Your Filthy Little Mouth », David Lee Roth s’engage dans un exercice de style très compliqué. Mais, au-delà de cet aspect strictement « expérimental », ce « Your Filthy Little Mouth » risque fort de décontenancer les fans de bases de Diamond Dave perdus dans un dédale de diversités musicales ne correspondant pas à leurs attentes ! Il en ressort que le résultat obtenu est aux antipodes de celui escompté à savoir un album boudé par les fans de la première heure…