Bon, d'accord, je l'admets : j'adore ce groupe.
C'est vrai que l'année dernière, j'avouais avoir en général du mal avec les groupes italiens et D.F.A. était venu me démontrer que j'avais très certainement tort. En petit malin que je suis, même si j'avais admis qu'il s'agissait là d'une formation très intéressante, j'avais tout de même trouvé le moyen de souligner quelques défauts, en particulier au niveau du chant. Eh bien D.F.A revient cette année pour me prouver une nouvelle fois que je dois réellement me pencher, et vous aussi si ce n'est déjà fait, sur cette formation transalpine loin d'être dénuée d'intérêt.
Je rappelle brièvement le propos : un jazz rock fortement progressif, avec une bonne dose de groove, un son brut ambiance live, des musiciens qui s'éclatent, s'attardent sur leurs compositions et finissent par nous donner juste une seule envie, celle de repartir du début, encore... et encore... et encore...
Certains me diront que si l'on a du jazz, du rock et du progressif, pourquoi ne pas appeler cela de la fusion, tout simplement ?
A ceux-ci je répondrai simplement d'aller sur le dernier titre de cet album, superbe ode aux voix enchanteresses et aux harmonies subtiles pour trouver leur réponse. D.F.A. ne fait pas de la fusion, D.F.A fait un peu de tout en sachant parfois se cantonner à un seul style le temps d'un morceau, juste pour le plaisir.
A côté de cela, qu'est-ce que ce quatrième album renferme ?
A la différence de "Kaleidoscope", chroniqué dans ces mêmes pages par ce même chroniqueur, qui regroupait les deux premiers albums de la formation, "4th" est articulé autour de trois morceaux fleuves qui dévoilent différentes facettes du groupe avec cependant deux constantes : le fun et l'imagination.
Les musiciens qui jouent dans le registre du jazz ont souvent la réputation de se faire des noeuds dans la tête au détriment de l'harmonie mais si l'on s'attarde un peu, on se rend compte que le jazzeux en plein solo est un musicien qui n'attache de l'importance qu'à une seul chose : le plaisir, même si celui-ci passe parfois par des prouesses techniques et harmoniques que le public peut avoir du mal à saisir.
Avec D.F.A., c'est exactement cela, sauf que la dose de groove ajoutée régulièrement ici et là rend l'ensemble tellement digeste que je conseillerais même cet album à certains de mes compères peu attirés par le style.
D.F.A., à mon avis, fait partie de ces groupes qui peuvent initier au jazz sans pour autant ennuyer les habitués.
Et cela démarre donc très fort avec un "Baltasaurus" qui, du haut de ses 14 minutes, annonce la couleur d'emblée sur une intro très dérangeante suivie rapidement d'un thème à la flûte, dans la plus pure tradition du rock de l'âge d'or des 70's. La tension va doucement monter, laissant leur place à chacun des solistes ; guitare et clavier s'en donnent à coeur joie, soutenus par une section rythmique qui donne tout dans le feeling et un accompagnement justement dosé.
Comme à mon habitude, je ne vais pas vous faire la liste exhaustive des qualités et défauts de cet album mais vais me laisser aller à mon penchant favori, qui consiste à vous mettre l'eau à la bouche en vous promettant de grands moments axés sur la hargne d'un "Vietato Generalizzare", le génie (si, si, j'ose !) d'un "Mosoq Runa" de près de 20 minutes - aaaah, cette intro au piano - et le pur joyau progressif cotoyant les rivages du jazz qui clôt ce petit bijou. Je referme donc ce chapitre mais savoure encore les frissons que sa découverte m'a procuré.