“Valley Of Fire” est le quatrième album de Southern Gentlemen, groupe monté par le guitar-hero David T. Chastain. Rattaché au genre southern-rock, le combo officie plutôt dans un heavy-blues rock flirtant avec un hard-rock graisseux que ne renierait pas American Dog. Si l’album précédent (“Third Time Is The Charm”) avait vu le line-up renouvelé à moitié, ce nouvel opus se présente comme celui d’une équipe stabilisée, dotée en particulier, d’un chanteur à l’organe vocal chaud et puissant, Eric Johns, dont le charisme soulage les épaules de Chastain d’une partie de la pression inhérente à son rôle de leader.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’entrée en matière est des plus réussie, à commencer par une pochette d’un goût certes discutable, mais mettant en scène une superbe créature dans une position des plus incitative. Quant au premier titre éponyme, il est doté d’un riff tranchant comme une tronçonneuse et parfaitement irrésistible. Ses nombreux breaks rajoutent une dynamique supplémentaire alors que le morceau se conclue dans un final bluesy mid-tempo sur lequel Johns et Chastain se livrent à un question-réponse du meilleur effet. Nous voici donc mis dans les meilleures dispositions visuelles et musicales pour aborder ces 11 titres.
Pourtant, si la recette de base reste utilisée tout au long de l’album, le mélange des ingrédients n’est pas toujours aussi réussi. Ainsi, si le heavy-blues rock de Southern Gentlemen est la plupart du temps dynamique, il lui arrive parfois de tourner un peu en rond, comme sur un « Devil In Me » au refrain certes efficace, mais dont le riff pourra rapidement être considéré comme obsédant, voire ennuyeux. Dommage, d’autant que « Snake Flower », bâtit sur le même modèle, bénéficie d’une dynamique bien plus efficace.
Ce problème de qualité inégale se retrouve également au niveau des titres au tempo plus lourd. Ainsi, si « Dropping Anchor » ou, plus encore, « Bitter Harvest », viennent confirmer l’intérêt porté par Chastain à Black Sabbath, c’est à base de riffs dignes des apôtres du heavy-doom et à grand coups de breaks plus planants et créateurs d’une ambiance sombre et hypnotique. Par contre, la recette ne prend pas sur l’enchaînement central où « End Of The World » s’éternise en longueur sur un riff tournant en rond, alors que « Hard Winter » ne réussit pas à redonner le coup de fouet nécessaire à l’ensemble.
Cependant, si cet album se retrouve handicapé par quelques titres plus faibles, il ne faut pas pour autant en oublier certains brûlots d’un bien meilleur acabit. Ainsi, « Whiplash Girl » réussit à faire redécoller l’album après le malheureux enchaînement central, grâce à un tempo rapide et soutenu, renforcé par un excellent break. Quant à « Never Say Never » et son riff ZZ Topien à la « La Grange », il est tout bonnement irrésistible et à l’origine de nombreux spasmes corporels des plus agréables.
« Valley Of Fire » peut donc être considéré comme un album réussi dans son ensemble, mais handicapé par ce qu’il est courant d’appeler un « ventre mou », durant lequel notre attention aura quelques tendances au relâchement, ce qui ne donne que plus de valeur au quatuor final qui réussit le tour de force de nous ramener dans une dynamique plus intéressante.
Sans oublier la légère inégalité des 11 titres proposés, nous resterons cependant sur les excellentes sensations procurées en début et fin de cet album, pour tout de même vous en conseiller l’écoute et espérer que les Southern Gentlemen nous donneront bientôt l’occasion de les voir venir défendre ce petit dernier sur les scènes de nos contrées.