Vous qui patientez désespérément, comme moi, depuis 1999, que « Scenes from a Memory » de Dream Theater ait un petit frère, réjouissez-vous, vous pouvez ranger cette bombe quelques temps (ne l’enfouissez tout de même pas hein !... respect pour ce monument attention !...) et jeter toutes vos oreilles sur "Mercy Falls", le troisième album de Seventh Wonder, car nous sommes ici tout proche du bonheur. « Rien que ça » me direz-vous… hé bien oui, « rien que ça » les amis et ce définitivement.
Ces suédois-là avaient déjà titillé les neurones musicaux de notre chroniqueur et ami Noise en 2005 et 2006 (voir les chroniques des deux précédents albums de Seventh Wonder sur le site) et « l’animal », qui n’est pas loin d’avoir constamment bon goût, avait déjà senti à cette époque que ce combo n’était pas un groupe de Métal de plus, aussi vite né que rapidement oublié. Il avait senti le potentiel des gamins (25 ans alors) et il avait eu raison.
Car en effet, après un « Become » prometteur et un « Waiting in the Wings » concluant, dont le style musical jouait les équilibristes sur les fils du Power, du Symphonique et du Progressif muni de sa chatoyante ombrelle mélodique, les (encore) jeunes suédois nous proposent en cette année 2008, négociant déjà son nostalgique virage automnal, un « Mercy Falls » qui fait déjà parler de lui sur la Toile. Au gré des forums où s’expriment les aficionados des sons produits par quelques entités marquantes telles que la bande à Portnoy précitée ou l’association de bienfaiteurs à Lucassen (Ayreon pour les endormis), on sent avec évidence quelques frémissements annonciateurs…
Alors me direz-vous, car vous n’avez pas oublié l’entrée en matière de cette chronique, que justifie l’outrecuidante comparaison avec le sacro-saint SFAM ?... Tout simplement un nombre non négligeable d’arguments, chers lecteurs.
Premièrement, nous avons à faire à un concept-album. Certes, rétorquerez-vous, rien de bien forcément rassurant là-dedans et vous auriez raison. En effet, combien de groupes y sont allés de leur « idée musicale conceptuelle » (à la mode) sans qu’au final la vacuité de son contenu n’ait d’égal que le présomptueux effet d’annonce ?... Ne comptez pas, vous n’avez pas assez de sphères sur votre boulier… Or ici, l’histoire tient autant la route que celle de Nicholas et Victoria (qui a dit Pimprenelle au fond de la classe ?!), ce qui n’est pas peu dire. Pour la connaître, je vous laisse le soin de lire les paroles sur le livret, ça vous amènera à acheter le CD.
Deuxièmement, car les voix-off (je ne parle pas ici des voices-over qui nous pourrissent parfois les écoutes des disques que nous avons à chroniquer), souvent insipides dans ce type d’exercice, sont ici parfaitement dans le ton et s’insèrent naturellement dans l’œuvre ne faisant ainsi qu’un avec les parties musicales.
Troisièmement, les très nombreuses mélodies qui jalonnent cet album sont vraiment prenantes, les frissons sont garantis, elles vous transportent et malmènent votre sensibilité. Au moment où vous pensez avoir trouvé le « pic » mélodique de la chanson, sans tarder, vous en prenez un nouveau tout aussi pimpant plein vos mirettes qui n’en croient pas leurs oreilles. Et là, croyez-moi, c’est de l’Art pur jus.
Quatrièmement, la technique est omniprésente tout au long des quatre-vingt minutes que dure cet album. Les musiciens s’en donnent à cœur-joie, soli de gratte à la Petrucci ou à la Malmsteen, claviers très présents nous gratifiant de mélodies magnifiques et travaillées et de thèmes fédérateurs et immédiatement assimilables, énorme basse (souvent utilisée en soli et là c’est carrément une marque de fabrique), passages calmes plein de sensibilité, refrains marquants, breaks, contre-breaks et un chanteur mes chers compatriotes…qui va faire l’objet de mon…
… cinquièmement, car ce diable de Tommy Karevik est un phé-no-mè-ne. Labrie reste ici à quai, où il peut s’occuper à quelque parties de dames avec Jorn Lande. En effet, le suédois, telle une ballerine sur ses pointes, « arabesque » sur toutes les notes de la gamme avec une grâce hallucinante. D’un bout à l’autre de l’opus, son interprétation, qui nous fait parfois penser à Ted Leonard d’Enchant et à Rob Sowden d’Arena, est carrément possédée.
Alors certes, les mélodies de Seventh Wonder tirent plus vers les 80’s que celles qui magnifient l’album phare de Dream Theater, ce qui peut éventuellement gêner aux entournures les forcenés-intransigeants-amateurs du style musical, mais comme dit le frontman du combo : « …c'est un retour dans le temps... vers des refrains de hard-rock mélodique des années 80 dopés par des éléments progressifs du nouveau millénaire, le tout joué de façon organique ! ». Bien entendu, la technique des Portnoy’s boys est intouchable et, c’est évident, le Métal assené est moins virulent que celui des américains mais qu’importe. Tant mieux en fait si les suédois arrivent à se démarquer de leurs augustes ainés, car on tient-là un « gros truc » ça ne fait aucun doute.
Un détail qui a son importance pour terminer : comme pour SFAM, il convient d’écouter l’œuvre plusieurs fois pour en déguster toutes les qualités. Alors, installez-vous dans un bon fauteuil, mettez-vous sous le casque et plongez dans le livret de « Mercy Falls »… et, si vous croyez entendre « …open your eyes Nicholas… », c’est que le pendule du combo suédois vous aura bercé de ses alanguissements hypnotiques… Et leur pari sera alors gagné.