Vous êtes amateur de musique progressive, donc curieux de nature, et par conséquent intrigué par l’arrivée sur le marché du CD d’Albatros. Ne vous précipitez pas sur la toile en quête fébrile d’informations, MW vous a mâché le travail, heureux que vous êtes !
L’Albatros qui nous préoccupe aujourd’hui n’est pas l’oiseau de la famille des Diomédédéidés à la large envergure, ce n’est pas non plus un coup brillant joué au golf (3 sous le par), pas plus que la poésie de Charles Baudelaire. Dans le domaine musical, il ne s’agit pas d’un come-back du groupe allemand qui a fait paraître un album en 1978, mais d’un combo espagnol de rock progressif psychédélique. Au cas où ce terme ne vous évoquerait qu’une vague réminiscence d’images bigarrées et distordues, rappelons que le psychédélisme regroupe toutes les tentatives pour recréer de façon consciente les perceptions sensorielles distordues créées par l’ingestion de drogues hallucinogènes. Bigre ! Nous voilà ramenés à l’aube des années 70 ...
Impression assez vite confirmée à l’écoute de ce Pentadelia. Le quintette espagnol, interprète de ce premier album (le groupe est en activité depuis pourtant huit ans, mais n’a produit d’une démo en 2000), œuvre effectivement dans un monde où les synthés font “bvvvvzzziiouuuuuu” (l’intro de Supernova) et les guitares aboient “wah-wah” (Ensor), comme au bon vieux temps. Il règne un aspect rétro (les esthètes diront : “délicieusement suranné”), présent tout au long de l’album, cousin parfois dans son aspect diparate de certaines productions sud-américaines telle Cartoon... Jusqu’au chanteur, qui vocalise, le plus souvent en espagnol, en roulant les “r” avec une assurance fort virile : muy macho ! N’était la rythmique teintée d’accents métal, l’ambiance est effectivement celle des In-A-Gadda-Da-Vida (Hombre Menguente) et autres Astronomy Domine, emblématiques des années psychédéliques.
Le lecteur pourrait penser, à la lecture de ce qui précède, que Pentadelia ne serait qu’une caricature simplette d’une époque révolue... Sauf que ce n’est pas du tout le cas ! Les compositions sont pour la plupart attachantes, à l’image du 48 d’ouverture (prononcez Cuaranta Ocho), instrumental assez mixte, entre métal, néo voire pop pour les sons de guitare et les pointes d’orgue, pas mal fichu et varié, ou de Mehari, bien rythmé et agréable.
Pentadelia s’écoute sans déplaisir, mais l’auditeur des années 2000 ne trouvera pas ici la modernité dont cherchent à se réclamer la plupart des groupes de prog actuels. Pour amateurs nostalgiques, donc !