Dans la mémoire d'une grande majorité de fans, Uli Jon Roth restera à jamais associé à sa collaboration avec Scorpions en tant que guitariste sur quatre albums studios. A la fin des seventies, à la suite de la sortie de " Taken By Force ", le bien-nommé "Jimi Hendrix allemand" forma son propre groupe Electric Sun qui mit au monde pour sa part trois poupons rock. Mais ça n'est qu'à partir des années 90 que l'émancipation se fit réellement sentir lors de plusieurs enregistrements sous diverses dénominations dans un style métal néo-classique.
La petite histoire d'un grand monsieur nous amène aujourd'hui à la sortie de " Under A Dark Sky ", concept-album restant dans une certaine lignée avec ces précédents opus. Il s'agit là d'un opéra-rock avec tout le grandiloquent et l'armada de cordes, de chœurs et de solistes qui le caractérise. Roth s'applique ainsi à mélanger éléments classiques et modernes, se mettant en scène mais sans être totalement omniprésent.
Si son travail peut s'avérer au final séduisant, varié, voire touchant sur de nombreux points, la majorité des titres manquent tout de même cruellement de coffre, plombés par une production à son tour plutôt émaciée. A l'image de "Light & Shadows" ou "The Magic Word", sous leurs airs de comédie musicale à l'ambiance solennelle dans lesquels participent pour les vocaux Mark Boals (ex-Yngwie Malmsteen, Royal Hunt) et Liz Vandall (ex-Sahara) ou encore les pièces d'opéra dramatique débutant l'album ("SOS", "Tempus Fugit"), les mélodies n'ont pas la grandeur, ne serait-ce la consistance auxquels peut prétendre un tel répertoire. Les refrains de leur côté subissent la même critique car trop faiblards, trop "téléphonés" alors que par contraste Jon Roth colore par son illustre touché les morceaux les plus blêmes.
Il m'aura fallu attendre "Benediction" pour commencer à retrouver le sourire et recouvrer une attention qui se perdait sensiblement au fils des titres. Accompagné de cordes et d'un piano, Roth se fait le porte-drapeau d'une composition qui en de nombreux aspects prend la forme d'un hymne national mariant très justement beauté et grâce. L'album s'achève sur la pièce de bravoure nommée "Tanz in die Dammerung" (Traduisez "Danse au Crépuscule") qui en presque vingt minutes fait appel aux mêmes éléments rencontrés jusque là et par conséquent souffre des mêmes appréciations mitigées.
" Under A Dark Sky " demeure une œuvre complexe, théâtrale, un brin mégalo qui s'adresse à un public averti et peu effarouché par des réalisations originales voire extravagantes. Que l'on soit enclin ou pas à apprécier ce genre musical, lyrique et dramatique, la présence de Roth à la guitare donne du corps à un ensemble qui reste malheureusement que trop peu captivant.