En 1989, Bruce Dickinson tourne avec Iron Maiden depuis 8 ans. Le rythme Maiden et la pression constante qui entoure le groupe ont plusieurs fois failli avoir raison du chanteur. En 1989, Bruce Dickinson s'accorde donc une pause (sans quitter Iron Maiden pour l'instant) pour s'éloigner et créer une musique plus personnelle, moins ambitieuse. Il appelle pour cela des musiciens parmi ses amis et notamment un certain Janick Gers, bien connu de nos services.
S'il continue d'officier dans un registre hard rock, on s'éloigne du Metal pur d'Iron Maiden. Les morceaux ont plus de groove, et semblent moins agressifs que ceux de la Vierge de Fer. L'album débute d'ailleurs par des arpèges mélodieux et un solo presque bluesy, et "Son of a Gun" délivre un Hard Blues brûlant qui n'est pas sans rappeler Free ou Bad Company. "Born in 58" fait bien entendu référence à Bruce Dickinson lui-même, ce qui illustre bien le fait que l’album présente des éléments plus intimes du chanteur, qu’il était impossible d’exploiter au sein de son groupe d'origine. Il apparait également par ce morceau une attirance du chanteur pour un univers plus Pop Rock, l’intro rappelant curieusement Police…
Ainsi Bruce Dickinson évolue ici entre différents univers. Du Hard de "On a Wheel", très semblable a ce que pourrait proposer un AC/DC ou encore Cinderella, à la balade "Gypsy Road" (exercice qu’il affectionne particulièrement), en passant par le catchy "Tattooed Millionaire", ou une reprise de Mott The Hopple ("All The Young Dudes", à l’origine par David Bowie), c’est une véritable visite guidée du Hard Rock que propose ici Bruce Dickinson. Chaque titre est agréable et interprété correctement, et l’album affiche donc une certaine cohérence. De plus le plaisir évident qu’a Bruce à s’éloigner du son (relativement) speed de Maiden est contagieux et rend l’opus rafraichissant.
Cependant je me surprends à en vouloir au bonhomme. Pourquoi ? Son album est bon, soigné, et aucun défaut majeur ne vient entacher tous ça. Seulement, au sein de son groupe, Bruce Dickinson est partisan de pousser toujours l’expérimentation plus loin, quitte à s’attirer les foudres de Steve Harris. C’est lui qui propose le concept "7th Son of a 7th Son", lui qui tente d’amener plus de nuance dans l’intransigeance Maidennienne. Sans reprocher à Bruce d’être trop « Rock », on aurait tout de même aimé quelque chose de plus osé, plus personnel. Seul le dernier titre, "No Lies", titille notre curiosité par son solo de guitare sortant un peu de l’ordinaire. Le morceau ressemble d’ailleurs étrangement à "Bring Your Daughter To the Slaughter", composée pour cet album à l’origine et interceptée par Steve Harris pour "No Prayer For The Dying", qui sort la même année.
En général, reprocher ce genre de choses à un album ressemble fort à une panne d’arguments. Dickinson s’accorde une bulle, il le fait sans prétention, et il le fait bien. Même si cet album ne révolutionnera pas la musique, il se laisse écouter et réécouter.