Mea culpa, j'avoue. Il y a certaines choses qui arrivent à la rédaction de MusicWaves qui ne déchaînent pas immédiatement un enthousiasme général. Rares sont les albums qui font l'unanimité quant à leur véritable succès. Plus nombreux sont ceux d'illustres inconnus que l'on ne s'arrache pas lors de la distribution des chroniques. Mea culpa, j'ai hâtivement considéré ce Tempus Fugit comme faisant partie de cette seconde catégorie.
Pour les friands d'exotisme, Tempus Fugit est un groupe brésilien dont Chessboard est le 3ème album studio. Fruit d'une longue maturation, il faudra attendre 8 ans pour que leur dernier né voit le jour.
Le Japon m'avait fait découvrir du jazz fusion intéressant (East Wind Pot). Plus récemment le Barheïn (Osiris) m'avait apporté un souffle chaud de progressif. Gageons que le Brésil emmène dans ses bagages quelques doses de culture latine. En réalité, Chessboard est une petite bouffée d'air frais dans le monde progressif actuel. A la première écoute, l'album paraissait ordinaire et pompeux comme seul un album de prog dur peut l'être. Ma tâche de chroniqueur me rappelant à l'ordre, je me remis à écouter plus attentivement cet opus.
L'album se présente sous deux facettes distinctes. La première est l'aspect purement instrumental de la musique du groupe. Symphonique à tendance psychédélique, les morceaux comme Pontos de Fuga Part I & II en sont le parfait exemple. S'il n'est pas possible de réfuter le talent des musiciens (et spécialement l'apport indéniable du claviériste aux compositions), l'intérêt n'est que somme toute limité.
Le second aspect de l'album est beaucoup plus intéressant. Nos 4 musiciens ont enrobé leur musique d'une ambiance romantico-latine. En écoutant leur musique, il est aisé de s'imaginer en pleine Renaissance, dans la Cour d'une Princesse quelconque. Cette ambiance romantique et dramatique est appuyée par l'apparition du chant qui, sans faire preuve de démonstrations techniques compliquées, crée certaines émotions à sa simple écoute. Le morceau The Princess a) My Princess illustre particulièrement bien ce que j'essaye de faire transparaître sur le papier.
A chaque album sa pièce maîtresse, Chessboard a) The Game of Life et Chessboard b) The Leaving laissent libre court à l'inspiration musicale de chaque protagoniste. Il n'est pas difficile d'imaginer pourquoi Rick Wakeman a accepté de tourner avec eux à l'aube des années 2000 tant les explosions des claviers et des guitares marquent les oreilles.
En 49 minutes, le groupe résume précisément ce que je vous raconte. Entre démonstration technique à tendance psychédélique et ambiance latine, Chessboard se crée une petite place au soleil parmi les quelques révélations de cette année. Attention aux préjugés. Si l'ensemble vous paraît pompeux et totalement inintéressant, n'hésitez pas à vous replonger dedans. Résultat garanti.