Ami lecteur, ne pense plus à rien, regarde-moi dans les yeux et ôte ton regard de cette note qui ne signifie rien, seule concession faite aux obligations du chroniqueur de te donner une appréciation immédiate de l'objet qu'il va maintenant te présenter.
Ami lecteur accro à la mélodie ou à la prouesse technique, ne me regarde même pas dans les yeux et précipite-toi vite vers une autre chronique car je vais par mon propos t'effrayer ou t'ennuyer profondément.
Ami lecteur abonné aux productions du "grand n'importe quoi", bienvenue dans la dernière découverte de MW en matière d'expérimentation musicale et sonore.
Faisons les présentations : Hugh Hopper, ex-membre de Soft Machine et chantre de la basse expérimentale et des boucles électroniques, rencontre en 2007 une certaine Yumi Hara Cawkwell, ex-psychiâtre japonaise ayant parallèlement étudié le piano, l'acoustique et l'électroacoustique. Ils s'échangent très certainement leur vision de la musique et décident alors de monter un projet commun.
Ce projet commun, dénommé Humi, donne naissance à cet album, bien que j'ai un peu de mal à employer le terme d'album et lui préfère l'appellation de creuset sonore. Ici, pas de mélodies ou si peu (en écoutant bien, on en décèlera une très courte sur "Circular Dune"), des boucles et effets électroniques à profusion, un piano omniprésent mais dénué de toute construction mélodique et rythmique et une voix complètement hallucinée, géniale dans son approche dérangeante, tout droit sortie de la maison hantée au bout du chemin à droite juste après la ferme du vieux Peabody.
On peut donc se demander quel est l'intérêt d'une telle production.
Une production parfaite, une ambiance oppressante, dérangeante, voire parfois insupportable, une recherche sonore digne d'un laboratoire de recherche universitaire, voila ce que je trouve personnellement dans cet album.
Et selon votre état d'esprit, votre culture, votre sensibilité personnelle, vous y verrez peut-être autre chose mais ne resterez pas indifférent.
Maintenant, si vous me répondez que cela n'est pas de la musique et que Hugh Hopper et Yumi Hara Cawkwell se moquent de vous, je ne serai certes pas de votre avis mais n'aurai en revanche aucun argument à vous opposer.
D'après Hugh Hopper, on peut qualifier sa musique de Canterbury du 21ème siècle. Je n'irais personnellement pas jusque là et me contenterais simplement de conseiller son écoute à tous ceux qui trouvent que Thinking Plague, Birdsongs of the Mesozoïc et consorts restent trop prévisibles dans leur approche musicale.