Tout commençait plutôt bien. Après une introduction assez classique, anecdotique, le groupe nous envoie dans les dents un premier morceau bourré d’énergie, puissant et fort encourageant même si totalement dénué d’originalité. Malheureusement pour nous les choses se gâtent rapidement et Slipknot devient le cliché que beaucoup de métalleux décrivent au cours de discussions sacrées traitant d’intégrité, d’underground, d’argent (pouah !), de vraie musique, de faux artistes, de musiciens purs et d’impurs opportunistes.
Slipknot : Néo-metal de campus, machine à fric, objet promotionnel, projet guignolesque pour djeunz rebelles à boutons, etc, etc… Cette définition très exagérée devient, au fil des morceaux, presque d’actualité. En effet, les compos, soutenues faut il le préciser par une production évidemment dantesque, tombent dans un systématisme pénible et trop facile, schéma trop bien connu couplet agressif / refrain guimauve avec chant clair. Où sont donc passés l’originalité du premier album et l’agressivité sauvage d’Iowa ? A la trappe ! Place à une musique pour teenagers qui atteindra son but soyons en certains, tant la recette fonctionne à merveille. Qui l’eût cru, les ados de cette fin de décennie pourront même se vanter d’avoir pour la première fois fait tourner leur langue dans une autre bouche que la leur sur du Slipknot, le groupe ayant pris soin de leur concocter une ballade sirupeuse au possible, toute en mélancolie, dont le clip mettra évidemment en scène un jeune mec triste, beau (et encore plus beau quand il est triste !), qui pleure à la fenêtre de sa chambre pendant qu’il pleut dehors et que sa copine est dans les bras d’un autre mec moins beau et même pas triste !
Autres moments douloureux, « Butcher’s Hook » vaguement rap, vaguement foireux, vaguement les deux, sur lequel Corey débite son texte avec un flow d’une énergie folle que n’aurait pas renié MC Raymond Barre et « Dead Memories » que l’on ne serait pas étonnés de trouver sur un album de cette légende du rock qu'est Avril Lavigne !
Slipknot nous fait la totale, oublie totalement d’être méchant et rend son folklore vestimentaire parfaitement obsolète… Vomment entonner « Snuff » affublé d’un masque qui ferait faire des cauchemars à Jason Voorhees ?.
***Freddy Krueger, fou d’amour, enlace tendrement Blanche Neige au pays des merveilles et d’une voix chauffée au miel lui entonne l’été Indien***
L’instant risque d’être étonnant en live !
Revenons à nos agneaux. « All Hope Is Gone » est, que l’on aime ou pas, la direction choisie par le groupe, d’une efficacité redoutable. Album terriblement bien ficelé, magnifiquement interprété, intelligent modèle d’un mélange toujours gagnant qui permet la rencontre de mélodies entêtantes et de riffs catchy en béton armé. Peu importe qu’ils nous énervent ces refrains gnan gnan, Corey les chante magnifiquement bien et seule une mauvaise foi comme la mienne pourrait soutenir que le bougre n’est pas convaincant. Slipknot évolue, adoucit quelque peu son propos, arrondi les angles, allège l’artillerie métallique et s’en sort finalement très bien dans ce nouveau registre. Evidemment bon nombre de fans accrochés au côté obscur, voire malsain, du combo lâcheront leurs petits chouchous avec cet album mais gageons que très nombreux seront les nouveaux adeptes de cette version moins enragée du groupe qui aurait peut être du changer de nom et tomber les masques afin de satisfaire tout le monde.
« All Hope Is Gone » donc, peut être, mais comme Lorie j’opte pour la positive attitude en imaginant qu’un riff comme celui de « Vendetta » (made in Morbid Angel), que le jeu de batterie toujours bien énervé de Joey Jordison et que les solos chaotiques de la paire de guitaristes attiseront quelques curiosités et ouvriront les portes de musiques plus extrêmes à bon nombre d’auditeurs du Slipknot 2008. Rien que pour ça, ce blockbuster sonore mérite d’exister !