Il faut bien le confesser : avant de poser une oreille sur cette production 2008 de Metal je ne connaissais absolument pas les Américains d’Helstar. Grande fut ma surprise quand je réalisais qu’ils officiaient sous ce nom depuis 1983, avec déjà James Rivera et Larry Barragan, et qu’ils avaient une demi-douzaine d’albums à leur actif ! The King of Hell n’est donc pas l’œuvre de novices mais bien celle de musiciens aguerris.
Et en effet, ça part bien. Et ça part fort. Après une introduction piano/chœurs étrange, soutenue par des coups de guitares grandiloquents, un riff assassin s’installe, transpercé par un cri bestial. Un nom me vient à l’esprit sur ce premier titre éponyme : Crimson Glory. Le Metal délivré sur ce titre d’introduction incisif rappelle leur collègue Américain, et le chant de Rivera se rapproche beaucoup de celui de son homologue Midnight. Pour ceux qui ne connaissent pas Crimson Glory, il faut imaginer un Metal complexe et speed, type Fates Warning des débuts, assaisonné d’une touche de Glam’.
On retrouve ainsi ce mélange sur un "The Plague Called Man" un peu faiblard comparé au titre précédent qui offrait une ouverture très efficace. Sur "Tormentor" les refrains entêtants et pompeux succèdent habilement à des phases plus speed, et le groupe montre alors son expérience, en gérant plutôt bien un morceau à différentes facettes, pas toujours évident à interpréter. Seul bémol, un fade out un peu rapide gâche notre plaisir sur la fin. Dommage. "When Empire Falls" ne présente aucun intérêt particulier, à part son solo inspiré. Le jeu de Russell DeLeon y est particulièrement pénible, avec des lignes ridiculement speed. "Wicked Disposition" confirme dans un premier temps ce défaut, mais s’avère finalement assez sympathique. Je n’ai trouvé qu’un intérêt limité à "Caress of the Dead" et "Pain Will Be My Name", trop typées et trop classiques.
Les deux dernier morceaux sont heureusement plus enthousiasmants. En effet, si on reste sur un terrain connu avec la fameuse « balade-qui-monte-en-puissance » qu’est "In My Darkness" (rien que ce titre…), ce terrain connu est agréable comme un vieux canapé, et le groupe nous fignole le plaisir avec un titre bien conçu de bout en bout. Pour clôturer ce déluge de Metal pur je m’attendais à tout sauf à une guitare hispanisante sur fond d’ambiance orientale. Heureusement ou pas, après cette introduction (jolie par ailleurs, n’allez pas croire que…), le gros son reprend ses droit avec un riff implacable. Un dernier brasier électrique qui termine de fort belle manière l’album…
Que conclure de cette énumération redondante qu’est l’analyse piste par piste ? Certainement un album inégal. D’un coté, comment ne pas être séduit par le chant damné et surpuissant de Rivera, avec ce timbre si agressif que l’on retrouve chez les grand (Gildenlow pour n’en citer qu’un), par l’efficacité de certains riffs, et de certaines structures, certes bateau, mais percutantes, et enfin par l’énergie du tout. D’un autre coté, sont regrettable tous ces titres plus faibles et fatigants, distillés tout au long de notre écoute. Il est regrettable que le batteur, si inspiré sur certains morceaux, tombe dans la double pédale type « j’ai oublié de couper le moteur de mon gros cube » sur d’autres. Il est aussi regrettable qu’un groupe capable de pondre un titre comme celui qui ouvre et comme ceux qui ferment l’album ne nous fasse pas ce plaisir sur toute la galette car c’est un plaisir que je me ferais bien volontiers de temps en temps…