Quand John Petrucci, Jason Becker ou Ron Thal disent de vous que vous êtes un des guitaristes les plus innovants du moment, c’est plutôt gratifiant. Ce n’est pas de moi dont parlent ces illustres guitaristes qui ont pourtant accompagnés mes longues soirées d’apprentissage de la guitare mais c’est à Rusty Cooley que s’adressent ces éloges. Le label Lion Records réédite le premier album du fameux guitariste de Outworld en y ajoutant tout un tas de bonus très sympathiques pour les guitaristes qui voudraient marcher sur les pas du texan. Ainsi, l’heureux acquéreur de cette réédition aura le plaisir d’avoir un DVD pédagogique plus une vidéo promotionnelle du titre « Under The Influence » et, cerise sur le gâteau , une tablature pour s’entrainer sur les riffs de Rusty!
Rusty Cooley est un guitariste extrêmement technique qui se réclame de Yngwie Malmsteen, Jason Becker ou Randy Roads et qui joue sur des guitares six, sept et huit cordes! Comme Malmsteen, Rusty ne se refuse rien, et quand sa guitare ne lui convient pas, il fait fabriquer une guitare avec une corde en plus. Toujours comme Malmsteen, Rusty aime associer ses guitares à des voitures très chères et très peu discrètes. Sa guitare principale est ainsi baptisée la « Lamborghini »… L’album de Rusty est un florilège d’instrumentales très typées néo-classiques, dans un genre assez proche des musiques de Outworld. Amateur de haute voltige, décollage immédiat.
Les hostilités débutent avec « Under The Influence », un morceau néo-classique malmsteenien percé en son centre d’une séquence métal progressif. Le rythme est élevé et les notes défilent dans un tourbillon qui donne le vertige… Ou la nausée. Ce genre de morceau ressemble plus à un exercice de style qu’autre chose, et Rusty veut tout de suite montrer qu’il est extrêmement agile de ses doigts. Le deuxième titre, « The Butcher », débute comme un morceau de DGM, et s’enfonce rapidement dans la démonstration pure, précipitant le disque dans son entier dans un vide abyssal. Les titres s’enchainent et l’intérêt qu’ils suscitent se fait de plus en plus maigre, jusqu’à tendre vers zéro. Rusty fait très peu évoluer son inspiration, et malgré quelques tentatives lorgnant vers le FM (« Jazzmine’s Song ») ou le prog métal ultra classique (« Dark Matter »), son disque ne décolle pas. Pis, l’ennui se fait sentir dès le quatrième titre « Dominion », pour ne plus quitter l’auditeur un minimum exigeant envers un contenu non réduit à une pure succession de soli sans feeling.
Cet album est un solo de 53 minutes, véritable pandémonium acoustique, dont les séquences sont plusieurs fois identiquement répétées dans un même morceau, ajoutant ainsi au sentiment de longueur et d’ennui. Le seul avantage avec ce disque est que vous pouvez laisser tourner le cd pendant que vous aller acheter du pain avec la certitude de le reprendre là où vous l’aviez quitté. Malgré tout, il est certain que ce disque trouvera son public parmi les nombreux amateurs de démonstration technique (une ordonnance de votre médecin est quand même fortement conseillé avant d‘envisager l‘achat de cet objet). Ce disque gardera pour toujours une place particulière dans ma mémoire, juste à côté du Guitar Shop de Jeff Beck. Digne représentant du génie fait guitariste pour l’un et d’une certaine idée du vide pour l’autre.