1978, Dire Straits fait une entrée fracassante dans les hits européens en se réappropriant les bases d’un bon vieux rock n’roll porté par la guitare élégante de Mark Knopfler. S’ensuivent deux albums, "Communiqué" et "Making Movies", qui ne font que reprendre avec succès les recettes de leur premier opus. Puis en 1982 paraît "Love Over Gold", et avec cet album, les premiers changements dans le groupe se font jour. David Knopfler n'apparait plus dans le line up, un claviériste, Alan Clark, fait son apparition, et ce sera la dernière collaboration de Pick Withers à la batterie.
Changement de façade ? Pas du tout ! L’adjonction de claviers va grandement changer l’orientation sonore de Dire Straits, jusqu’ici assez basique, apportant une richesse inattendue dans les arrangements. Une coloration atmosphérique fait alors son apparition, avec comme point d’orgue l’inoubliable 'Private Investigations', totalement atypique dans la production du groupe (et pourtant succès mondial). Le chant est ici presque parlé, ce qui confère au morceau un ton confidentiel très touchant, dont l’extrême sensibilité est portée au paroxysme dans la partie instrumentale dépouillée à l’extrême.
La même volonté manifeste de changement est présente dans 'Telegraph Road', un titre inhabituellement long pour Dire Straits (14 minutes), avec son intro inattendue de claviers planants et piano préludant la mise en place du bon Rock qu'affectionne particulièrement Mark Knopfler. Il y a dans ce long morceau une volonté manifeste de montrer tout ce que le groupe peut faire, passages calmes ou plus rapides, impeccable intégration du piano dans la rythmique et les soli, final à la guitare conforme à ce que l’on attend de Mark Knopfler, un lancement progressif tout en accélérations et un modèle d’efficacité. Difficile de résister à la rythmique implacable !
Les trois autres titres sont plus dans la lignée des productions antérieures avec notamment un gros effort d’arrangements mélodiques sur fond de blues dans le morceau eponyme, préfigurant ce qui suivra dans "Brothers in Arms". 'Industrial Disease' et 'It Never Rains' sont donc moins marquants.
"Love Over Gold" apparaît donc comme un album de transition pour Dire Straits, entre le rock simple, efficace et élégant des débuts et la sophistication relative des deux derniers albums. La face A du vinyle garde quand même chez les fans une place à part pour l’exceptionnelle qualité de la musique délivrée.