Une petite question qui va s’adresser aux plus jeunes aficionados du hard rock : qui est Randy Piper ? Allez, un petit effort, essayez de répondre sans bondir sur le raccourci de l’URL offrant les services prompts et rapides de votre moteur de recherche préféré…
Randy Piper est un guitariste américain dont les débuts sous les feux de la rampe ont été scellés avec Wasp, célèbre groupe de hard rock californien dont les effets très axés sur le visuel et le sexe, tout du moins en début de carrière, en ont fait un idéal bouc émissaire (en l'occurence également avec Twisted Sister et son percutant chanteur Dee Snider) des fleurissantes commissions bien pensantes de l’époque (le PRMC de sinistre mémoire) néanmoins très virulentes à l’égard des artistes provocateurs. Mais Randy a quitté Wasp après seulement deux albums (le premier opus "Wasp" et "The Last Command"). Très discret dans les années quatre vingt dix, ce six cordiste renoua avec les studios d'enregistrement à l’aube des années deux mille. "Virus" symbolise son troisième album sous le nom du projet Randy Piper’s Animal.
Pour mener à bien la réalisation de ce nouvel album, Randy Piper s’est acoquiné, outre les fidèles comparses officiant au chant et à la guitare, de deux nouvelles jeunes recrues scandinaves aux postes de bassiste et de batteur. Même si Randy Piper demeure le point d’ancrage principal (après tout, il s’agit de son projet), "Virus" démontre clairement que nous sommes ici en face d’un véritable groupe très enthousiaste sur les dix plages constituant cette nouvelle galette.
La première impression après l’écoute intégrale de "Virus" ne laisse appréhender plus aucun doute de l’influence majeure que Wasp a imprégné à celui qui en fut le second guitariste de 1982 à 1986. L’ombre de Blackie Lawless s’invite très volontiers sur les intonations du chanteur, avec cependant les aspects gutturaux et éraillés tout de même moins prononcés. Des titres comme "Can’t Stop" ou encore "Crying Eagle" font souverainement rappeler les premières heures de gloire de Wasp. Mais le contenu de " Virus" ne se limite heureusement pas à un simple plagiat de la bande à Lawless du début des années quatre vingt. Ces prolifiques années du hard rock américain restent le ciment sur lequel "Virus" a été écrit mais également produit. La batterie est enregistrée très en avant sur la majorité des morceaux. Les lignes de basses infligées par "Grizzly", fluides et efficaces, s’inscrivent favorablement dans une dynamique moderne. Mais le groupe n’en oublie pas pour autant les grands principes du rock, à commencer par l’introduction à la "Won’t Get Fool Again" de "Don’t Wanna Die" qui lui confère un élan plutôt attachant.
Alors que penser de la reprise inattendue de "Zombie" des irlandais de Cranberries ? Bien loin de la version originale dans l’interprétation (ça devrait faire bourlinguer sévère "on stage"...) mais pas tant que cela dans l’esprit. Les classiques mais très bien composés "Who’s next" et "Shoot To Kill" retranscrivent fièrement et fidèlement l’état d’esprit du hard rock tel qu’il sévissait sur la côte ouest des USA il y a maintenant deux bonnes décennies. "Virus" ne fait pas l'impasse, bien entendu, sur les tempos rapides ("Cardiac Arrest", "Judgement Day" et " L.U.S.T."), largement agrémentés de refrains en chœurs et tapageurs.
Finalement, cette troisième apparition discographique de Randy Piper n’apporte rien de neuf sur les rivages assez encombrés du hard rock mélodique, si ce n’est une réelle nostalgie à l’égard des eighties. Ces musiciens ont composé cet opus sans prise de tête et surtout sans chercher à imposer une quelconque originalité sur les dix morceaux présentés. Et grand bien leur en fasse, car "Virus" déborde d’une énergie positive et démontre que Randy Piper s’affirme comme une fine gâchette de la six cordes en alignant des riffs et des soli issus de la vieille école mais toujours vouée à l’enracinement profond d’une veine mélodique indiscutable. Au bout du compte, cet album se révèle un témoignage résolument dépoussiéré de l’ère tapageuse et provocatrice des Twisted Sister et autre Shotgun Messiah dont les influences sont loin d’être passées inaperçues. Si vous adhérez à cette épopée lointaine mais colorée, ce "Virus" ne peut vous être aussi contagieux que bienfaisant.